C’EST LE ROYAUME-UNI qui, pour faire face à une augmentation importante des infections invasives à méningocoque C, a mis en place, le premier, la vaccination généralisée des nourrissons (trois injections à 2, 3 et 4 mois, puis depuis 2006, 3, 4 et 12 mois) avec un rattrapage jusqu’à 18 ans, puis jusqu’à 24 ans. C’était en novembre 1999. Très rapidement la couverture vaccinale a atteint plus de 90 % chez les jeunes enfants et 85 % pour le rattrapage. Le bénéfice a été spectaculaire non seulement pour les enfants, adolescents et jeunes vaccinés, mais aussi pour les adultes, avec une diminution de l’incidence des IIM C de 90 % chez les plus de 24 ans, et pour les nourrissons de moins de 3 mois non encore vaccinés. Des résultats comparables ont été enregistrés en Espagne où la vaccination a été mise en œuvre dès 2000, avec un schéma à 2, 4 et 6 mois pour les nourrissons, remplacé en 2006 par un schéma 2, 6 et 15-18 mois, et un rattrapage par une seule dose jusqu’à 6 ans, puis jusqu’à 19 ans. Aux Pays-Bas, la vaccination a commencé en septembre 2002. Les autorités sanitaires ont choisi un schéma un peu différent : une seule injection pour tous les enfants à l’âge de 14 mois et un rattrapage jusqu’à 18 ans. Ils ont également obtenu rapidement une très bonne couverture vaccinale, de l’ordre de 94 %, avec comme conséquence une baisse de 99 % des IIM C chez les jeunes de deux à 18 ans. Ces quelques exemples apportent la preuve de l’acquisition d’une immunité collective : à condition d’obtenir rapidement un taux de couverture vaccinale élevé, on observe une diminution du portage, et donc de la transmission, et la protection des sujets non vaccinés.
Depuis, 13 pays européens ont généralisé la vaccination antiméningocoque C confirmant son efficacité. Compte tenu de la gravité des infections invasives à méningocoque C (IIM C) - rappelons que leur taux de mortalité est de 19 %, contre 9 % pour les IIM B, 39 et 24 % respectivement en cas de purpura fulminans - et de la répétition dans différentes régions françaises de poussées épidémiques, la vaccination systématique s’est donc imposée dans notre pays. Le Comité technique des vaccinations (CTV) recommande donc, dans le calendrier vaccinal 2010, de vacciner tous les nourrissons entre 1 et 2 ans, avec un rattrapage jusqu’à 24 ans révolus.
Avec le ROR ou le rappel penta- ou hexavalent.
Le schéma vaccinal d’une seule dose et la très bonne tolérance du vaccin devraient faciliter sa mise en place.
En pratique, le vaccin antiméningococcique conjugué peut donc être fait dès 12 mois. Comme, à cet âge, deux vaccins sont indiqués : le ROR et le vaccin antipneumococcique conjugué à 13 valences, le Dr Virey suggère d’associer le vaccin antiméningococcique C conjugué au rappel pentavalent ou hexavalent à l’âge de 16 mois, des injections qui doivent être pratiquées en deux sites différents, rappelle-t-elle. On peut aussi le faire à 14 mois ou à l’occasion de la visite prévue à 20 mois, voire lors du bilan des deux ans. Chez les plus grands, le vaccin antiméningocoque C peut être réalisé avec les rappels habituels ou lors d’une consultation pour certificat d’aptitude sportive ou pour tout autre motif. L’important, insiste le Dr Virey, c’est d’y penser, non seulement chez les petits, mais aussi, à toute occasion, chez les adolescents et les jeunes adultes qui consultent peu leur médecin traitant. En effet, comme l’a montré l’expérience de nos voisins britanniques, espagnols ou hollandais, pour protéger l’ensemble de la population et réduire massivement l’incidence des IIM C, il faut obtenir dans les meilleurs délais une couverture vaccinale élevée.
(1) Pédiatre, Dijon
(2) Réunion organisée avec le soutien institutionnel des laboratoires Pfizer
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