Les innovations en imagerie médicale sont à l’origine de nombreuses avancées de la médecine des trente dernières années (diagnostics précoces, suivi post-thérapeutique...). Néanmoins, des freins demeurent, rendant difficile voire inégale selon les territoires, l’intégration de ces technologies dans le parcours de soin des patients.
Lors du colloque IMAGINE Aquitaine organisé à Bordeaux le 22 septembre, une centaine de chercheurs et de praticiens aquitains se sont penchés sur la situation en Aquitaine. Une région contrastée avec un pôle d’excellence reconnu (le CHU de Bordeaux) et des départements « sous tension » comme la Dordogne ou le Lot-et-Garonne, avec parfois, des machines sans radiologues, et une offre de soins difficile à maintenir. La future super-région qui verra le jour en 2016 risque d’amplifier ses disparités avec la fusion de l’Aquitaine, de Poitou-Charentes et du Limousin, région la plus âgée d’Europe.
« Notre objectif est de mettre ces merveilleuses machines à la disposition du plus grand nombre, souligne le Dr Philippe Chandernagor de l’ARS Aquitaine. Pour cela, les enjeux sont plus organisationnels que techniques. Nous devons encourager les groupements hospitaliers de territoire (GHT) qui rationalisent l’offre, évitent doublons et manques mais aussi la coopération public-privé. »
Enjeux organisationnels
Le manque d’équipements et d’hommes, interdit une réponse rapide que les patients sont en droit d’attendre, constate le Pr Nicolas Grenier, responsable du service imagerie diagnostique et interventionnelle au CHU de Bordeaux.« Il est nécessaire de faire le tri, de définir des priorités par région, par canton. L’innovation devrait être centrée dans les CHU, en partenariat avec CH et centre privés experts », estime-t-il.
Pour illustrer les difficultés de cette démocratisation, le Dr Jérôme Berge, du service de neuroimagerie diagnostique et thérapeutique de l’Hôpital Pellegrin (CHU Bordeaux), évoque la prise en charge des AVC par thrombectomie. Cette technique innovante, réalisée sous imagerie, permet de réduire considérablement le nombre de décès et les séquelles laissées par un AVC et donc les coûts (rééducation, hospitalisation à domicile, etc.) pour la société. Mais elle n’est pratiquée en Aquitaine que dans le seul CHU de Bordeaux, et par trois praticiens seulement. De plus, cet acte demeure non côté, ce qui freine sa mise à disposition dans le parcours de soins de tous les patients. Qui plus est, cette intervention d’urgence doit être réalisée dans les 6 heures, ce qui pose problème pour les patients éloignés, à cause du manque d’hélicoptères, de l’absence d’un accueil dédiée au CHU pour accélérer la prise en charge, et de la nécessité de former de nouveaux praticiens.
Des initiatives régionales ont été mises en valeur pendant le colloque : coopération public-privé exemplaire entre le centre d’imagerie médicale des Landes et l’hôpital de Dax ; échanges en téléradiologie entre le centre d’imagerie médicale d’Agen (privé) et le petit hôpital de Nérac, privé de radiologue. « Nous nous connaissons bien et cela fonctionne », a souligné le Dr Éric Lebastard, radiologue agenais. Comme quoi, un peu d’huile humaine dans les rouages des plus hautes technologies n’est pas le moindre des facilitateurs.
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