L’ACCUSATION est d’une gravité extrême. Elle a été révélée il y a peu par le site Mediapart, relayé par divers journaux, dont « le Monde ». Patrice de Maistre n’a pas reconnu les faits à ce jour et il semble que la justice n’a pas de preuve matérielle des faits : si les retraits d’argent semblent établis, leur destination est inconnue. M. de Maistre est accusé d’avoir procédé à ces retraits sans en avoir informé Liliane Bettencourt, ce qui constitue un abus de faiblesse, au même titre que ce qui avait été reproché à l’artiste François-Marie Banier.
SARKOZY DOIT S’EXPLIQUER DEVANT LES ÉLECTEURS
Interrogé sur TF1 à ce sujet il y a quelque temps, Nicolas Sarkozy s’est emporté contre la journaliste Laurence Ferrari et refusé de fournir la moindre explication ou même de se défendre. Dès lors qu’enfle la rumeur, que la justice refuse de classer l’affaire et qu’elle maintient la pression sur Patrice de Maistre, l’histoire risque de figurer, un peu tard, il est vrai, dans le débat électoral, auquel cas elle affaiblirait encore un peu plus le président sortant.
L’irruption de cette nouvelle péripétie du feuilleton Bettencourt dans la campagne est d’autant plus embarrassante pour la droite que son candidat semble avoir amélioré ses chances au cours des quinze derniers jours. Le regain d’espoir à l’UMP pourrait retomber comme un soufflé. Les autres candidats n’en font pas encore leurs choux gras, mais la combativité de M. Sarkozy risque de céder le pas à une indispensable prudence, car une agressivité excessive entraînerait un effet boomerang. Dans un entretien avec « le Monde » de jeudi dernier, M. Hollande a déclaré que, si les faits sont confirmés, ils sont d’une gravité extrême; ils combinent en effet plusieurs actes illégaux (financement illicite d’une campagne et fraude fiscale) et que, dans ces conditions, la justice devait passer. Cette justice qui vient d’indiquer, en maintenant M. de Maistre en détention, qu’elle n’entendait pas lâcher le morceau.
Il appartient à M. Sarkozy de lever le doute. Dès lors que la justice accroît sa pression, l’information sur ce nouveau mais présumé scandale circule à grande vitesse, ce qui affaiblit logiquement la candidature du président. La posture du silence indigné ne fonctionnera pas. Il doit s’expliquer devant les électeurs et il ne lui est pas interdit de démentir au moins le transfert de sommes élevées à sa campagne de 2007, tout en professant son ignorance en ce qui concerne les retraits de fonds du compte suisse que M. de Maistre a pu effectuer et qui ne concernaient que l’homme de confiance de Mme Bettencourt.
Silence interdit.
Bien entendu, il ne peut parler dans ce sens que s’il est sûr de lui. Mais, s’il se tait, on dira forcément qu’il a quelque chose à cacher. Tout au plus peut-on penser que, le temps judiciaire ne coïncidant pas avec le temps électoral, les deux tours de la présidentielle seront achevés avant que la justice ne produise un résultat décisif. M. Sarkozy, si sa responsabilité est engagée, peut craindre que M. de Maistre, qui a sangloté devant les juges, ne souffre tant de sa détention qu’il avoue un secret dont la révélation entraînerait un scandale national.
On ne se réjouira guère de cette affaire, car elle empoisonne une campagne qui, décidément, ne contient que chausses-trapes, coups de Jarnac, jugements partiaux, attaques venimeuses, alors que les vrais problèmes sont le chômage, le pouvoir d’achat, la précarité, la dette et les déficits. Sur ces sujets, personne ne connaît vraiment les programmes des candidats. En ce qui concerne François Hollande, on ne sait pas ce qu’il fera de l’industrie nucléaire (il dit qu’il n’arrêtera, pendant son quinquennat, qu’une centrale, celle de Fessenheim, après avoir promis de diminuer le parc de centrales de moitié d’ici à 2025), des déficits et de la dette, et de sa méthode pour améliorer la croissance. Quant à M. Sarkozy, il n’a pas de programme du tout, mais une série de mesures annoncées dont l’improvisation n’assure pas la cohérence au sein d’un tout. Et il en va de même pour la plupart des candidats.
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