DANS UN ENTRETIEN publié mardi par « le Monde », le conseiller de M. Sarkozy, Patrick Buisson, affirme que, depuis novembre, la tendance est « baissière » pour le candidat de la gauche et « haussière » pour celui de la droite. « Il n’y a aucune dynamique, dit-il, en faveur du candidat du PS ». On lui laissera bien sûr la responsabilité de son analyse, qui ne semble pas tenir compte des intentions de vote au second tour. Cependant, c’est bel et bien la première fois, depuis que M. Hollande s’est déclaré, qu’il arrive deuxième. Avant toute chose, il faut attendre les autres enquêtes qui confirmeront ou non la percée de M. Sarkozy au premier tour. Et voir ensuite s’il parvient à resserrer l’écart au second.
La confusion des idéologies.
Bien entendu, tout y possible, y compris le miracle souhaité par l’UMP. L’ensemble des sondages indique que le taux des indécis était encore proche de 40 % au début de la semaine. Ils sont donc assez nombreux pour renverser la tendance. M. Buisson a réfuté l’idée d’une droitisation du président sortant. Il a tenu, pour « le Monde » un discours tendant à gommer les différences idéologiques (« Si la droitisation consiste à prendre en compte la souffrance des Français les plus exposés et les plus vulnérables, c’est que les anciennes catégories politiques n’ont guère plus de sens »). On ne voit pas de quelle manière cette prise en compte est plus le fait de M. Sarkozy que de M. Hollande ou de Jean-Luc Mélenchon. Si le critère du succès est la compassion pour les précaires, M. Poutou ou Mme Arthaud seraient majoritaires.
En réservant leur décision pour la fin de la campagne, les électeurs veulent savoir lequel des candidats est le plus apte à réduire les déficits et la dette tout en obtenant une croissance créatrice d’emplois. M. Sarkozy était fondé à dire, lors de ses multiples interventions, qu’il a effectivement protégé les Français contre de plus grands malheurs que ceux qui les affectent aujourd’hui. Ils ont le droit de se demander si M. Hollande aura la même capacité en cas de nouvelle crise financière ou économique.
M. Buisson a néanmoins raison sur au moins un point : l’idéologie n’est pas rendez-vous de 2012, en dépit d’une campagne qui a accentué le fossé entre la droite et la gauche. M. Sarkozy n’ayant pas hésité à remettre en cause l’espace de Schengen et M. Hollande envisageant de taxer à 75 % la tranche de revenus supérieure à un million d’euros, on peut dire qu’ils ont l’un et l’autre joué le très mauvais rôle de l’épouvantail. Ce n’est pas ce que leur demande la majorité silencieuse, c’est ce que réclament leurs militants. Les Français choisiront donc en fixant l’horizon, au-delà de la pantomime électorale, et davantage pour ce qu’ils croient voir en M. Sarkozy ou en M. Hollande que ces deux-là veulent bien leur dire.
SI UN COUP DE THÉÂTRE EST ENCORE POSSIBLE, IL N’EST PAS RÉSERVÉ À UN SEUL CANDIDAT
Il demeure que, si les enquêtes d’opinion confirment, dans les jours qui viennent, la possibilité d’un coup de théâtre, celui-ci ne sera pas nécessairement réservé à M. Sarkozy. Marine Le Pen est à 16 %, François Bayrou à 13, M. Mélenchon à 10, ce qui est remarquable. Si les trois progressent, ce ne sera qu’au détriment des deux autres. On a beaucoup parlé du vote protestataire d’un peuple anxieux, mais en même temps on a bien vu que la nécessité de voter utile a bridé les pulsions. Dès lors que, pour la première fois, Nicolas Sarkozy est récompensé pour sa stratégie de reconquête de l’électorat du Front national, c’est Mme Le Pen qui, après avoir enfin obtenu ses 500 parrainages, devra s’inquiéter du comportement de ses partisans : il faut être sot pour désirer si fort l’arrivée du Front au pouvoir que, en définitive, c’est Hollande qui l’emporte. M. Sarkozy a compté et compte encore sur cette carte ultime, de la même manière que les mélenchonistes voteront pour le candidat du PS au second tour. Les crises sont terribles et d’ampleur historique ; le jeu, d’une échéance à l’autre, n’a guère changé.
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