SEPT BLOCS au lieu de 54 autorisés à fonctionner 24 heures sur 24 en Ile-de-France ? C’est une hypothèse qu’examine l’agence régionale de santé (ARS), l’idée étant de n’en conserver qu’un seul par département (hors Paris), huit fois moins qu’aujourd’hui.
L’ARS a lancé une concertation autour de ce scénario au début de l’été – la prochaine réunion sur le sujet aura lieu le 30 septembre avec la Fédération hospitalière de France (FHF) et les présidents de CME. Une fuite dans la presse le week-end dernier a porté le débat sur la place publique. Les chefs de file des syndicats médicaux montent au créneau pour dénoncer un projet à leurs yeux préjudiciable pour la qualité des soins.
Sur le terrain, l’idée paraît peu réaliste. En particulier en orthopédie. Sauf, explique le Dr Henri Lelièvre, à repenser toute l’organisation : « Créer un " trauma center " dans chaque département, en soi, c’est une bonne idée. Mais cela suppose des recrutements médicaux et infirmiers, et l’ouverture d’un nouveau service entièrement dédié. » Chirurgien orthopédique au centre hospitalier Sud francilien (Corbeil Essonnes), le Dr Henri Lelièvre s’estime déjà à flux tendu. « On voit bien ce qui se trame, dit-il. Petit à petit, l’ARS voudrait que l’hôpital Sud francilien absorbe Arpajon, et que Longjumeau absorbe Orsay. Déjà aujourd’hui, l’hôpital Sud francilien est le seul à récupérer toutes les urgences de nuit de l’Essonne, et une partie des urgences de Seine-et-Marne. On nous demande toujours plus alors qu’on manque d’anesthésistes, et qu’on n’arrive plus, pour cette raison, à faire tourner notre bloc. L’an passé, la garde complète d’orthopédie a été transformée en demie garde (on est de garde jusqu’à minuit puis d’astreinte jusqu’à 8h). On a eu trois mois difficiles, la direction a réagi en embauchant des intérimaires. On a pu rouvrir des salles, mais on continue de perdre du temps entre chaque opération après 20 heures par manque d’infirmières anesthésistes. » Selon le Dr Lelièvre, la création d’un trauma center sur l’hôpital Sud francilien requiert l’embauche de nombreux personnels, notamment de trois chirurgiens. « Le travail en horaire posté est faisable, mais cela suppose une toute autre organisation. Il ne suffit pas de fermer les urgences des autres hôpitaux », expose le chirurgien. L’exemple de la grande garde de neurochirurgie ne le porte pas à l’optimisme : « On nous refuse parfois des patients au motif qu’ils sont trop âgés. »
Un neurochirurgien de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) nuance le propos. « Il faut reconnaître qu’il y a sans doute trop de lignes de gardes en Ile-de-France : en orthopédie et en digestif, certains n’opèrent pas beaucoup la nuit. En neurochirurgie, on fonctionne depuis plus de 50 ans avec une seule garde par jour pour toute la région, et cela marche très bien. L’avantage, c’est que l’on est sûr de trouver une équipe en temps et en heure pour les urgences. Mais c’est une surspécialité avec peu de cas : en 24 heures, on reçoit en moyenne 30 appels, on voit 20 patients en urgences, on en hospitalise 7, et on en opère 2,5. Centraliser les gardes des autres spécialités va créer de gros problèmes d’accueil et de transferts. Un seul bloc de nuit dans des départements comptant plusieurs millions d’habitants, c’est tout simplement impensable. »
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