Si 75 % des Français se déclarent globalement favorables à la vaccination d’après le dernier baromètre santé 2016, l’équilibre reste fragile. En cas de levée de l’obligation vaccinale, 13 % ne vaccineraient « probablement » ou « certainement » pas leur enfant.
« Quels que soient les niveaux de confiance ou d’hésitation en la vaccination, les Français restent extrêmement attachés à une obligation vaccinale car ça les dédouane finalement d’avoir à faire des choix », note le Dr Christine Jestin de l'unité prévention des risques infectieux et environnementaux à Santé publique France, citant une étude qualitative réalisée pour les besoins de la concertation citoyenne sur la vaccination de 2016. « Le caractère non obligatoire est considéré comme facultatif et amène à se poser beaucoup de questions sur l’opportunité d’une vaccination », ajoute-t-elle. Perception du risque pathologique, craintes des effets secondaires liés aux vaccins, défiance vis-à-vis des autorités sanitaires et industriels de santé, pression par les pairs… de nombreux facteurs entrent en jeu dans la décision vaccinale qui ne va plus nécessairement dans le sens des messages de santé publique. Aux yeux du Dr Judith Mueller (École des hautes études en santé publique), il devient urgent d’améliorer les connaissances sur le poids des facteurs spécifiques entrant en jeu dans la construction de cette décision vaccinale parmi les différentes populations cibles. « On pourrait alors commencer à adapter les messages voire affiner les stratégies vaccinales » au regard de ces nouvelles informations », estime-t-elle.
Des médecins et des doutes
Parmi les médecins, une part non négligeable partage les doutes de la population générale au sujet de la vaccination. D’après un panel national réalisé sur plus de 1 500 généralistes de ville, un quart d’entre-eux considèrent même que certains vaccins recommandés ne sont pas utiles tandis que 33 % jugent que les vaccins sont susceptibles d’entraîner des complications à long terme, pointe le Dr Pierre Verger, Directeur adjoint de l’Observatoire régional de la santé (ORS) PACA. « Pour les généralistes, le fait de recommander la vaccination les place au cœur de questions sociétales dépassant largement la médecine », souligne-t-il. Or, le niveau de préparation des généralistes à promouvoir la vaccination reste un vrai problème. « L’enseignement de la vaccination dans le cursus initial est réduit à la portion congrue et ne les prépare pas suffisamment aux enjeux actuels, notamment à faire face à des patients de plus en plus hésitants, voire réticents à se faire vacciner », constate Dr Verger.
(In)former pour rassurer
« Il y a un calendrier vaccinal mais sa réalisation effective pose un certain nombre de difficultés aux praticiens qui ont surtout besoin aujourd’hui d’une formation adéquate sur la manière d’appréhender les réticences », poursuit-il. Au regard de l’hétérogénéité des pratiques vaccinales entre médecins, « on ne peut probablement pas s’adresser à tous de la même manière et il faudra réfléchir à faire du sur mesure », considère le Dr Verger. Afin de dissiper les doutes autour des vaccins, la ministre de la Santé, Agnès Buzin a de son côté proposé d’« instaurer un rendez-vous annuel pour faire l’état des lieux de la vaccination en France » (progression de la couverture vaccinale, l’évolution de la perception de la population, données de pharmacovigilance…).
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes