La santé s’invite dans la présidentielle

La lutte contre les déserts, thème de campagne

Publié le 16/12/2011
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SOUVENT ABSENTE des grands discours et enjeux électoraux, la santé, pour une fois, s’est invitée dans la précampagne, notamment autour de la question de la liberté d’installation.

Dès février, une proposition de loi défendue par le député PS Christian Paul, visait à instaurer un « bouclier rural ». Son but : imposer un délai maximum d’accès aux soins de 20 minutes pour un généraliste et de 30 minutes pour un service d’urgence. En octobre, c’était au tour d’une centaine de députés de la majorité, à l’initiative de Véronique Besse, de déposer une « proposition de résolution » érigeant la lutte contre la « fracture médicale » en priorité nationale en 2012. En novembre, une nouvelle proposition de loi de Philippe Vigier (Nouveau Centre) déroulait un volet coercitif depuis les études de médecine jusqu’à l’installation visant à garantir à tous les citoyens un temps d’accès aux soins inférieur à 30 minutes.

Ces offensives ne sont pas neutres. La liberté d’installation a déjà été mise à mal chez plusieurs professions de santé. Après les infirmières, les masseurs-kinésithérapeutes ont négocié avec l’assurance-maladie… et fait des concessions. En zone surdotée, toute nouvelle installation sera conditionnée au départ préalable d’un confrère. Dans ces conditions, la nouvelle convention médicale - avec deux options exclusivement incitatives pour mieux répartir les médecins - apparaît très conciliante. Trop, aux yeux de beaucoup d’élus.

Les principaux partis politiques défendent, à des degrés divers, la liberté d’installation. Dans le contrat santé présenté en octobre, l’UMP plaide pour des incitations « efficaces ». Mille maisons pluridisciplinaires sont annoncées pour 2017, ainsi que 1 200 contrats d’engagement de service public. L’idée du guichet unique pour les aides à l’installation est réaffirmée. Le candidat socialiste à l’élection présidentielle, François Hollande, s’est démarqué de son parti sur cette question. Dans son programme officiel, le PS plaidait pour que les diplômés de médecine exercent pendant quelques années dans une zone sous-dense à l’issue de leurs études. François Hollande, fils de médecin, se veut moins dirigiste. Il défend l’incitation et se dit seulement prêt à « interdire certaines installations » dans les zones trop pourvues.

Lors de la présentation de son think tank consacré à la santé, Marine le Pen a érigé l’égalité d’accès aux soins en priorité. La présidente du Front national est partisane d’un desserrement du numerus clausus et veut mettre en place un système d’incitations financières pour assurer « l’égal déploiement des médecins libéraux ».

La liberté d’installation sera un sujet important de l’élection présidentielle. Les dépassements d’honoraires également. Étudiants (ANEMF), internes (ISNIH et ISNAR-IMG), chefs de clinique (ISNCCA) et jeunes médecins (REAGJIR et SNJMG) ont adressé une lettre ouverte aux 577 députés pour les appeler « à ne pas céder aux sirènes de la coercition ». « Imposer l’installation d’un médecin dans chaque village est maintenant obsolète », soulignent les 6 associations. La jeune génération réclame une nouvelle organisation des soins ambulatoires où cohabiteraient salariat, libéral, maisons de santé, cabinets de groupe pluridisciplinaires et cabinets isolés.

 CH.G.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9060