POUR AUTANT, on ne saurait priver M. Sarkozy, parti de très bas, du crédit personnel que lui donne une campagne plutôt bonne, du talent avec lequel il a su jouer de sa position de président sortant, notamment dans l’affaire Merah, et de sa stratégie au long cours, fondée sur la récupération d’une partie des intentions de vote en faveur de Marine Le Pen. Le président candidat n’a pas hésité à « droitiser » sa campagne, ce que les centristes lui reprochent, mais sans voler au secours de François Bayrou, dont la dynamique s’essouffle.
Quelques chiffres soutiennent cette analyse. D’abord un sondage CSA du 31 mars qui, pour la première fois, donne Hollande vainqueur au second tour, mais seulement avec un rapport de 53/47 au détriment de M. Hollande. Or, presque cinq semaines nous séparent de la consultation du 6 mai, ce qui offre tout le loisir à M. Sarkozy d’accélérer sa remontée. Au premier tour, la même enquête CSA indique que le président obtient 30 % des intentions, soit 4 points de plus que M. Hollande (26). CSA annonce un affaiblissement spectaculaire de François Barou (10,5), une baisse de Marine Le Pen (13,5), et un Mélenchon moins haut que dans les autres sondages (12,5).
Mélenchon à 15 %.
LH2 du 30 mars s’en tient, comme d’autres sondeurs à un rapport 56/44 en faveur de M. Hollande au second tour. Au premier, il accorde une cote élevée à M. Mélenchon (15) et situe Le Pen à 13,5 et Bayrou à 12. LH2 est désormais le seul, au premier tour à déceler une avance d’un point de M. Hollande sur M. Sarkozy. Ce qui n’est pas le cas d’Opinion Way (Sarkozy, 28, Hollande, 27) qui constate une score très élevé de Marine Le Pen (17) et un score médiocre pour Jean-Luc Mélenchon (11), François Bayrou se situant à 12,5. L’IFOP relève, le 27 mars, un rapport 28,5/27 en faveur de M. Sarkozy au premier tour, et situe Mme Le Pen à 16, M. Mélenchon à 13,5 et M. Bayrou à 12,5. Enfin, TNF-SOFRES du 27 mars annonce 29 % des intentions de vote pour M. Sarkozy, 28 pour M. Hollande, 10 seulement pour M. Bayrou, 17 pour Marine Le Pen, 13,5 pour M. Mélenchon. Au second tour, le rapport est de 55/45 en faveur de M. Hollande.
Toute la question est de savoir si M. Sarkozy poursuivra sa remontée dans les jours précédant le premier tour ou s’il a atteint un maximum insuffisant. Les enquêtes placent Mme Le Pen, en moyenne, à un étiage élevé, et il en va de même pour M. Mélenchon. Le candidat du MoDem est en revanche en mauvaise posture.
DÉFICITS, DETTE, POUVOIR D’ACHAT, CHÔMAGE ONT DISPARU DU DÉBAT
Le candidat socialiste n’a pas, néanmoins, galvanisé sa campagne, jugeant sans doute que sa supertaxe sur les revenus dépassant un million par an suffisait à placarder les électeurs du Front de gauche. Il insiste uniquement sur la nécessité du vote utile, en excipant du bon report des voix mélenchonistes qu’il recueille au second tour. Un sondage annonce une abstention élevée (32 %), de mauvais augure pour M. Sarkozy, qui n’obtient au second tour qu’une fraction de l’électorat du Front national. Le président sortant, s’il a désormais une chance de prendre une avance au premier tour, souffre cruellement du manque de report des voix des électeurs FN et MoDem qui préfèrent souvent ne pas se rendre aux urnes au second. Cependant, la campagne n’est pas figée et de nouveaux coups de théâtre ne doivent pas être exclus. Le PS exige de M. Sarkozy qu’il décrive minutieusement son programme, ce que le président sortant ne veut pas faire. Les mesures qu’il a annoncées au fil de la campagne seront incluses dans un tout cohérent, peut-être entre les deux tours, explique-t-il. De leur côté, les amis de M. Hollande pensent que les Français ont peut-être oublié le programme socialiste, certes abondamment exposé, mais il y a déjà quelques mois.
Il n’empêche que les discours de campagne continuent à ne pas porter sur les enjeux essentiels que sont le chômage, le pouvoir d’achat, les déficits et la dette. M. Sarkozy a tout à fait raison d’attirer l’attention du public sur des résultats pour 2011 qui montrent que la résorption du déficit budgétaire a commencé et que l’objectif pour l’année dernière, qui était de 5,7 %, a été dépassé, puisqu’il a été en réalité de « seulement » 5,2 %. Aucun des candidats, toutefois, n’a fondé sa campagne sur le thème de la dette. Aucun n’a pris le risque de dire comment il entendait revenir à un déficit de 3 % et donc à une stabilisation de la dette. Car un tel projet implique des efforts considérables qui exigent la participation de tous les Français. Nos concitoyens estiment n’avoir aucune responsabilité dans la dette, qui dépasse maintenant 1 700 milliards d’euros. Ils se trompent lourdement. S’ils se font soigner, s’ils envoient leurs enfants à l’école, s’ils sont retraités, ils y contribuent. C’est tout de même le mérite de MM. Sarkozy et Fillon d’avoir commencé à réduire les déficits publics tout en maintenant les prestations sociales à un niveau acceptable.
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