LE QUOTIDIEN - Comment résumeriez-vous le bilan de l’ARH d’Ile-de-France depuis sa création en 1997 ?
JACQUES MÉTAIS - En matière de recompositions hospitalières, le bilan est assez impressionnant, dans la mesure où un tiers des établissements chirurgicaux et un tiers des établissements obstétricaux ont disparu. Il faut dire que l’Ile-de-France se caractérisait par une offre très abondante. À l’inverse, le nombre et les capacités des établissements de soins de suite ont progressé de 50 %. Cela n’a pas empêché que l’activité du secteur hospitalier ait continué à augmenter dans pratiquement tous les secteurs, la chirurgie, l’obstétrique ou la médecine. En matière de maîtrise des dépenses hospitalières, autre objectif des Agences, là aussi un constat : les dépenses hospitalières en Ile-de-France ont augmenté de 30 % pendant cette période alors que dans le même moment, les dépenses de médecine ambulatoire ont augmenté de 60 %, et les dépenses du secteur médico-social, de 86 %. En matière d’accès aux soins, l’Ile-de-France ne connaît pas de problème particulier. Tous les établissements ont été accrédités, tous sont en voie de certification. Les équipements en imagerie ont augmenté (quatre fois plus d’IRM), et les délais d’accès se sont améliorés. Pour autant persistent des inégalités territoriales au sein de l’Ile-de-France en termes de résultats de santé (pour 100 000 habitants, 286 morts du cancer à Paris, contre 369 en Seine-Saint-Denis). Des inégalités qui ne sont pas exclusivement dues à l’offre de soins elle-même, mais aussi aux habitudes de vie, et au niveau économico-socio-culturel de la population.
L’ARH a-t-elle atteint les limites de ses marges de manuvre ? Autrement dit, le passage à une ARS s’impose-t-il ?
L’ARS, je pense, se placera dans la continuité de l’ARH en Ile-de-France, au moins sur le plan hospitalier. Je ne pense pas qu’il y aura une rupture dans la politique hospitalière, dans la mesure où les recompositions hospitalières ne sont pas terminées. Les communautés hospitalières de territoire, d’usage plus facile que les fusions, devraient faciliter les coopérations interhospitalières. À condition de surmonter les difficultés posées par l’AP-HP et son caractère d’unicité (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), mais nous avons bon espoir. C’est une bonne chose que l’AP-HP obéisse aux mêmes règles de tutelle que les autres établissements de santé : il est difficile, pour définir une offre de soins dans une région, de ne pas inclure le principal établissement concerné, c’est-à-dire le CHU. L’ARS aura plus de marges de manuvre, et de moyens de pression. Il y a une logique à aller de l’ARH à l’ARS, et pour ma part je me félicite des termes de la loi qui vient d’être votée. Le travail qu’il reste à faire dépendra des contraintes à venir sur le plan des ressources affectées à la santé et de la démographie médicale. Globalement, la région dispose de ressources médicales abondantes, mais d’ici à 2020 on aura 20 % d’effectifs médicaux en moins : les conséquences sont difficiles à prévoir.
Seriez-vous tenté par un poste de directeur d’ARS ?
Oui.
Claude Evin est-il le futur directeur de l’ARS d’Ile-de-France ?
Je ne suis pas au courant. Je ne suis pas en charge des nominations.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes