LES DIX JOURS écoulés n’ont pas apporté au chef de l’État l’élan qu’il escomptait de ses propositions ou de la conjoncture politique et économique. Les sondages indiquent plutôt un tassement de l’avance légère qu’il avait acquise pour le premier tour qui passe de deux à un point (ou même un demi-point dans une enquête IPSOS du 7 avril). Au second tour, seul un sondage Opinion Way annonce un rapport 53/47 en faveur du candidat socialiste, les autres trouvant un écart plus grand (56/44 pour CSA du 2 avril). François Hollande peut se targuer d’une sorte d’invincibilité. On s’est livré à diverses supputations : un meilleur report des voix au second tour en faveur de M. Sarkozy, un effritement du candidat socialiste face à la percée de Jean-Luc Mélenchon, un tassement de Marine Le Pen, une baisse sensible de François Bayrou (à 9,5 %des intentions de vote dans le sondage IPSOS) qui, dans les chiffres, n’ accordent en réalité aucun avantage décisif au président sortant. Non seulement il ne confirme pas son ascension au premier tour, mais le rapport au second demeure désespérément favorable à son rival.
Les vingt-cinq jours du président.
Impavide, M. Hollande, à ce jour, s’est refusé obstinément à modifier sa stratégie. Les faits lui donnent raison. On l’a pressé de riposter à Jean-Luc Mélenchon, mais il a très bien vu que les 14 ou 15 % d’intentions de vote que recueille le candidat du Front de gauche se reportent, à une écrasante majorité, au second tour, sur le nom du candidat socialiste. Alors que, de toute évidence, le report des voix de Marine Le Pen sur M. Sarkozy est insuffisant. Il manque au président candidat au moins 8 à 9 % des suffrages par rapport à 2007 et il ne parvient pas à réduire l’écart. On nous objectera que, pour vaindre ou ne pas perdre, Nicolas Sarkozy dispose non pas de dix jours mais de vingt-cinq et que, entre les deux tours, par exemple à la faveur des débats télévisés, il peut diminuer son retard.
SARKOZY NE SEMBLE PLUS AVOIR LE TEMPS DE RÉDUIRE L’ÉCART
Il nous semble peu probable, cependant, que la magie du verbe, l’agressivité ou l’énumération de nouvelles mesures soient de nature à modifier la donne. M. Sarkozy, qui, il n’y a pas si longtemps, espérait un événement assez fort pour qu’il ait l’occasion de démontrer sa maîtrise du malheur, a tiré avantage de l’affaire Merah. Elle a eu lieu et il ne saurait attendre, désormais, on ne sait quel cataclysme pour qu’il puisse rassembler le peuple. De la même manière, il a intégré le ressentiment qu’il inspire en faisant courir l’idée que, dans les sondages, les gens préféreraient cacher leur intention de voter pour lui et que des régiments secrets d’électeurs arriveront en renfort et le sauveront au second tour. On ne prend pas le chemin dicté par ce scénario.
Il est vrai que l’Espagne secouée, la méfiance des marchés, le peu d’enthousiasme que la campagne électorale soulève à l’étranger, une multiplicité de candidats qui, par leurs propos, jettent l’incertitude sur l’avenir proche de la France constituent des paramètres susceptibles d’indiquer aux électeurs un choix plus sage que celui de la colère ou de l’indignation. Mais colère et indignation représentent les axes forts de la campagne. Elles expliquent la dynamique Mélenchon, elles sous-tendent un désir d’alternance nourri par la longue absence de la gauche au pouvoir, elles traduisent certes un emportement un peu irrationnel, mais qui trouve sa légitimité dans le besoin de changement et dans une politique sarkozyste qui a multiplié les erreurs et alimenté l’aversion du peuple pour le président. Encore une fois, ce n’est pas tant François Hollande que l’on vénère. Il n’a pas un charisme éblouissant. Il sera, par la force des choses et à cause de promesses consubstantielles à un programme de gauche, un président dépensier, au moment où, au contraire, nous devons diminuer la dépense publique. Il doit gérer une crise longue qui réclame beaucoup d’efforts et de sacrifices, ceux-là mêmes qu’une majorité d’électeurs n’entend pas faire au profit du président actuel, mais de l’homme, quel qu’il soit, dont l’ensemble de la gauche dit, quitte à se tromper, que, de toute façon, il ne peut pas être pire que M. Sarkozy.
› RICHARD LISCIA
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