Feux verts

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Publié le 02/10/2020
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C’est un raz-de-marée vert comme la France n’en avait jamais connu qui a déferlé lors des élections municipales. À la surprise générale, y compris de certains militants qui se sont retrouvés ceints de l’écharpe tricolore sans trop comprendre ce qui leur arrivait… La victoire d’EELV était pourtant en partie prévisible vu sa performance un an plus tôt lors du scrutin européen. Le vote écolo a le vent en poupe, dopé par l'épidémie de Covid, mais aussi poussé par un électorat jeune que les atermoiements des « grands » partis face au réchauffement climatique exaspèrent. Ce n'est pas fini. À 18 mois des présidentielles, ces laboratoires municipaux vont être autant de tests de la capacité des amis de Yannick Jadot à changer la vie de leurs concitoyens. Un défi qui n’est pas pour déplaire aux nouveaux édiles alors que le modèle urbain se trouve mis en cause comme jamais.

Et c’est notamment sur la santé que les maires verts sont attendus. Longtemps, le volet sanitaire des plateformes d’EELV est resté parcellaire, centré sur les méfaits de la pollution, avec, comme un leitmotiv, la nécessité de développer encore et encore la prévention. Le diagnostic et le remède étaient à même de séduire usagers comme acteurs de la santé. Mais dans ce schéma, la gestion du système de soins semblait presque secondaire. Le volet blanc des plans verts restait un peu flou. Et le flirt des plus extrémistes du mouvement avec la galaxie antivax n’était pas pour rassurer le corps médical… Après Grenoble il y a six ans, les nouvelles équipes de Lyon, Marseille, Bordeaux, Besançon, Strasbourg ou Tours vont donc devoir faire à la fois la preuve de leur utopie… et de leur réalisme ! Et montrer que leurs solutions fonctionnent aussi en termes de coordination des professionnels, d’accès aux soins et d’urgence. Ça tombe à point nommé. Alors même que l'échelon municipal a montré pendant la crise qu’il pouvait jouer les premiers rôles.

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin