Editorial

En panne

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Publié le 15/10/2018
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La France a-t-elle un problème d’accès aux soins ? Oui, a admis du bout des lèvres mi-septembre le président de la République. Présentant son plan santé, il évoquait des « tensions » sur l'offre de santé, même si, précisait-il, c’est « en France que le reste à charge est l’un des plus faibles au monde ». De fait, il faut lui rendre ce crédit : son gouvernement a déjà pris le taureau par les cornes, faisant de l’amélioration du remboursement des prothèses dentaires et auditives et de l’optique une de ses priorités. Et si ce n’était que la partie émergée de l’iceberg ? Ces derniers jours, des travaux -opportunément publiés à la veille de la discussion du PLFSS- sont venus rappeler que la situation était loin d’être idyllique sur d’autres segments du système de santé. Mardi, un sondage estimait que, bon an mal an, un Français sur trois renonçait à des soins. Le même jour, une étude de la Drees évoquait des délais de rendez-vous colossaux dans certaines spécialités. Enfin, vendredi, les industriels du Snitem rappelaient qu’il fallait toujours attendre un bon mois avant de bénéficier d’une IRM urgente. Autre symptôme préoccupant : les ruptures de stocks de médicaments. Dix fois plus fréquentes qu’il y a dix ans, elles inquiètent les patients et exaspèrent les praticiens. La dernière pénurie en date affectant toujours les malades du Parkinson. Le Sénat s’est saisi de la question et préconise la manière forte avec constitution d’un pôle public de production de certaines molécules. Pas sûr que ces recommandations « soviétiques » soient plus efficaces que les résolutions de Marisol Touraine qui – début 2016- menaçait de punir les laboratoires concernés. Comme quoi, là non plus, la coercition n'est pas forcément la réponse adéquate.

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9694