C’EST SÛR, certain, peut-être même irréversible : DSK est candidat à l’investiture socialiste. Sinon, il ne ferait pas parler son épouse et il n’aurait pas accepté de s’exprimer sur France 2 et dans « le Parisien » pour donner de lui-même l’image d’un homme politique dont le souci primordial est le bien-être de ses concitoyens. Son message est double : la crise financière et économique est à peu près résorbée et j’ai contribué aux solutions comme personne. Il reste un problème central, la précarité, le chômage, la baisse du pouvoir d’achat et je sais comment lutter contre ce fléau. À Christian Jacob, chef des élus UMP à l’Assemblée, qui lui reprochait de n’être pas « l’homme des terroirs et des territoires », il répond qu’il est proche de ses concitoyens ; à la critique d’extrême gauche, portée par Jean-Luc Mélenchon, qui le décrit comme un « affameur des peuples », il démontre que, sous sa houlette, le Fonds monétaire international a changé et n’impose plus aux nations en difficulté des plans drastiques d’économies qui mettent les gens sur la paille.
Son discours est fait de phrases courtes et sobres, son visage est plus que jamais celui du sphinx de Washington, presque impénétrable, sa sobriété tranche par rapport à l’agitation habituelle de Nicolas Sarkozy. Il parvient à amorcer sa campagne sans se déclarer et sans rien dire ou faire qui le mettrait en délicatesse avec le conseil d’administration du FMI. Un tour de force. Il dispose d’atouts : si son silence relatif augmente l’impatience de la gauche, rien ne l’oblige à céder à l’appel que lui lancent ses rivaux socialistes pour que, enfin, il révèle ses intentions. Dès lors qu’il ne contourne aucune règle, il est parfaitement libre de chosir sa méthode et la date à laquelle il démissionnera de son poste prestigieux. Si la droite, qui le voit venir, déclenche un tir de barrage contre lui, elle n’agit pas de façon judicieuse. M. Strauss-Kahn n’est pas plus l’homme des terroires que, par exemple, Jean-François Copé, qui semble estimer qu’il ne faut en aucun cas épargner le directeur du FMI. Quand Christine Lagarde et d’autres ministres louent hypocritement les services que DSK rend au FMI, en sous-entendant qu’on a tellement besoin de lui dans ses fonctions actuelles qu’il serait fou de les quitter, la manœuvre, soi-disant élogieuse, est surtout grotesque : qui est dupe du compliment ? Certes pas DSK, trop fin pour y voir un appel sincère, mais pas davantage les Français qui n’en sont pas à croire que l’ancien ministre de l’Économie leur est plus utile à Washington qu’à l’Élysée.
LE SEUL REPROCHE QUI VAILLE, C’EST QUE DSK NE VEUT PAS SACRIFIER NE FÛT-CE QU’UN MOIS AU FMI
Quant aux socialistes, ils ont fixé les règles. Martine Aubry ne peut pas exiger de DSK qu’il se déclare avant la date qu’elle a fixée pour les candidatures aux primaire, début juillet. Qu’est-ce que c’est que cette agitation et cette animosité contre DSK qui semblent lui interdire de s’exprimer à la télévision ou dans les journaux alors que passent dans les médias tous les candidats, déclarés ou non, valables ou non, qui ont une chance ou n’en ont aucune ? Le seul argument qui vaille et peut faire mouche, concerne le soin méticuleux que DSK apporte à son sort personnel, d’où l’abnégation est absente. Il ne veut s’engager dans la course à la présidence que s’il est sûr d’être élu, ou, tout au moins, si ses chances sont immenses. Il ne veut pas perdre ne fût-ce qu’un mois de son aura internationale (dont il dirait, s’il pouvait s’exprimer à ce sujet, qu’il la soigne pour le compte du prochain président français, pas pour sa propre personne). Il veut avoir épuisé toute la gloire que lui confère le FMI avant d’obtenir une élection encore plus glorieuse.
Mais, encore une fois, il est libre. Il est même étonnamment libre quand on pense au corset serré des implacables réglements du FMI. Sur France 2, il a été très habile, à la fois par le choix des idées et par le choix des mots. Il n’a pas beaucoup souri, sans doute parce qu’il fera campagne sur le thème de l’urgence qu’il y a à alléger ce qu’il a lui-même appelé « les souffrances » des Français. Incontestablement, il a réussi à relativiser les reproches qu’on lui adresse, les surenchères de la gauche, la brusque et excessive agressivité de la droite. Et, last but not least, il a donné un visage et un contenu à la popularité dont il bénéficiait, jusqu’à présent, sans raison convaincante. Ce ne sera pas vraiment le candidat du PS, bien qu’il se soumette à la discipline du parti. Ce sera l’alternative solide au style confus de Nicolas Sarkozy.
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