Deux objectifs

C’est un tournant, mais il ne faudrait pas que cette bonne nouvelle n’en vienne à démobiliser la population. Alors que les vaccins contre le Covid commencent à arriver dans les pays développés, les autorités se trouvent contraintes de faire passer deux messages en apparence contradictoires. L’enjeu est d’abord de convaincre la population de se faire vacciner. Pour y parvenir, le premier ministre a annoncé que le vaccin serait gratuit et que tout avait été fait pour qu’il n’y ait pas de risque de pénurie, comme cet automne pour la grippe. Il martèle aussi que la transparence sera le maître mot. En écho, lors de sa première intervention, le Pr Alain Fischer a expliqué que, pour favoriser les injections… il fallait « éviter les injonctions ». Afin d’y parvenir, le nouveau président du conseil d’orientation de la stratégie vaccinale compte s’entourer, non seulement de scientifiques et de médecins, mais aussi de sociologues et de représentants de patients. Sage décision. Si l’on en croit les sondages, la bataille de la persuasion n’est en effet pas gagnée, les Français semblant de moins en moins nombreux à compter se faire vacciner…

Avant d’arriver à une couverture vaccinale suffisante, il y a donc du boulot. Mais pour l’heure, l’urgence est d’éviter à tout prix un relâchement de la population. « On ne sait pas tout, évidemment, sur les premiers vaccins qui arrivent », expliquait Emmanuel Macron, il y a peu. La prudence du président vise autant à rassurer sur les précautions mises en place qu’à mettre en garde ses concitoyens contre la tentation du laisser-aller, au vu de derniers chiffres mitigés sur l'évolution des contaminations. Elle fait écho à celle de l’OMS qui souligne à l’envi que « les vaccins ne signifieraient pas zéro Covid. » L’enjeu est évidemment crucial à l’approche des fêtes de fin d’année. Les chiffres catastrophiques enregistrés aux États-Unis, huit jours après le Thanksgiving, amènent à réfléchir sur ce qui pourrait se passer chez nous à la faveur de la trêve des confiseurs, si les Français baissaient la garde.