Affluence des grands jours à la séance inaugurale du 9e congrès de la médecine générale, ce jeudi 26 mars.
Une foule compacte de généralistes (jeunes, installés, enseignants...) s’est pressée dans le grand amphithéâtre du Palais des congrès de la Porte Maillot, à Paris.
Marisol Touraine était au centre des préoccupations. Présente l’an passé, la ministre de la Santé s’est cette fois excusée (peut-être viendra-t-elle vendredi...), suscitant de nombreux sarcasmes dans une période conflictuelle. Avant même le début de la conférence, un membre du comité d’organisation annonce laconiquement au micro qu’il y aura « une intervenante de moins ». Les sifflets et ricanements fusent.
Anaphore du président de l’Ordre
Invité à s’exprimer dans cette grand-messe de la médecine générale, le Dr Patrick Bouet, omnipraticien lui-même et président du Conseil national de l’Ordre, fait un tabac. « Je m’adresse à celle qui nous manque cruellement ce matin... », commence-t-il.
Suit une longue anaphore au cours de laquelle le Dr Bouet débute chaque phrase par la formule « j’aurais voulu vous dire, Madame la ministre, que... », répétée au bas mot une dizaine de fois. Le Dr Bouet transmet ses messages à la ministre absente : « il n’y a pas de santé sans médecin », « il n’y a pas de virage ambulatoire sans renforcement de la médecine générale », « il n’y a pas de médecine générale sans reconnaissance du rôle majeur du généraliste », « il ne suffit pas d’ordonner que les gens se coordonnent, encore faut-il qu’il y ait des coordonnateurs ». La salle boit du petit-lait.
Patrick Bouet invite Marisol Touraine à « faire évoluer son texte » et assure que l’Ordre ne veut pas « l’affrontement ». Pas d’affrontement, peut-être, mais une fermeté affichée : « l’Ordre ne cédera rien sur la place du médecin dans la société ». Une ovation clôt le discours ordinal.
Le Pr Jean-Luc Harousseau, président de la Haute autorité de santé (HAS), prend le relais. Tenu à la neutralité, il laisse échapper ce commentaire : « Je félicite Patrick Bouet pour la qualité de son discours et pour les mots qu’il a prononcés. »
Pour MG France, la consultation c’est 25 euros
Le Pr Pierre-Louis Druais, président du collège de la médecine générale (organisateur du congrès), clôt la matinée. « Aujourd’hui, l’absence de Marisol Touraine nous interroge d’autant plus que la ministre de l’Enseignement supérieur n’est pas là non plus ».
Il revient bien sûr sur la mission que lui avait confiée Marisol Touraine sur la médecine générale, qui a donné lieu à des recommandations précises. « Dans la loi, le compte n’y est pas, constate-t-il, il n’y a pas assez de visibilité pour la médecine générale ».
Le sort réservé par Marisol Touraine à ce rapport est d’ailleurs source d’inquiétude dans la communauté généraliste. « Où est passé le rapport Druais ? Que sont devenues ses propositions ? », s’interrogent dans un communiqué commun le Collège national des généralistes enseignants (CNGE), MG France, les jeunes et internes (SNJMG, ISNAR-IMG, REAGJIR) et les enseignants de médecine générale (SNEMG).
Le climat chez les médecins de famille reste donc à l’orage. Outre la grève d’une partie des internes (ISNAR-IMG), MG France appelle officiellement les généralistes à coter leur consultation 25 euros, « comme les autres spécialistes », « chaque fois que c’est possible sans pénaliser le patient ou le médecin ».
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes