QUAND il s’agit de vaccination des adultes ou d’observance des rappels, les causes d’échecs diffèrent de ce qui est habituel en thérapeutique. Alors que le patient est le plus souvent responsable la non-adhésion au traitement, le Pr Daniel Floret (hôpital Femme Mère Enfant, Lyon), président du comité technique des vaccinations, évoque ici plutôt une négligence globale. Négligence du patient qui n’y pense guère, certes, mais aussi de certains médecins par manque de signaux d’alerte ou bien encore des institutions qui n’utilisent pas leurs données informatisées.
Alors que chez l’enfant scolarisé, les vaccins et leurs rappels sont correctement contrôlés, chez l’adulte rien n’est organisé. Une situation d’autant plus regrettable qu’ « il n’y a pas de réticence majeure dans la population à effectuer les rappels. En réalité, quasiment personne ne sait où il en est au plan vaccinal. Les adultes, sauf exception, n’ont pas de carnet de vaccination », explique-t-il.
Des données existent sur l’état vaccinal des Français adultes. Selon une étude de l’Institut National de Veille Sanitaire (InVS) publiée en 2007, la couverture pour la prévention du tétanos est considérée comme à peu près correcte « Environ 85 % des 16 à 65 ans sont protégés. Ce taux passe à environ 70 % au-delà » note Daniel Floret. Pour le vaccin polio les chiffres sont un peu plus faibles. Chez les 16-25 ans environ, 70 % des sujets sont immunisés, la proportion s’abaisse à quelques 60 % jusqu’à 65 ans, pour s’effondrer à environ 20 % au-delà. Quant à la diphtérie, « il faut être indulgent ; la recommandation des rappels est plus récente. Environ 60 % des 16-25 ans sont correctement vaccinés et moins de 10 % des plus de 65 ans. » Ces chiffres comportent un certain degré d’incertitude, précise-t-il ; il s’agit des résultats d’enquêtes ponctuelles suivies d’extrapolations.
À la question : « Comment remédier à ces carences vaccinales ? », le Pr Floret suggère des solutions à différents niveaux.
Une consultation pour un autre motif.
À l’échelle du médecin de famille, il y a une habitude à prendre : « s’enquérir de l’état vaccinal, dans le cadre d’une consultation pour un autre motif. » La méthode sera d’autant plus efficace qu’il s’agit d’un patient fidèle, dont les dates de vaccinations apparaissent sur le dossier. « Il doit bien se trouver des solutions informatiques pour afficher un " warning ". Il existe bien chez les vétérinaires ! »
Au niveau de l’Assurance-maladie, les caisses savent quand est prescrit un vaccin. Ici encore l’outil informatique pourrait permettre de rafraîchir la mémoire des patients. La France manque d’un système d’enregistrement des vaccinations. « Je ne comprends pas ce qui nous empêche de le mettre au point », en ayant recours à ce qui existe actuellement comme les dossiers informatisés ou la carte vitale.
Enfin, et non des moindres, le médecin du travail. Il assure un rôle fondamental. Bien sûr, il ne s’adresse qu’aux individus en activités et sa mission de principe est « la protection vaccinale d’un risque encouru dans le cadre du travail. » Mais une démarche interministérielle est en cours, « elle vise à la centralisation des dossiers vaccinaux des salariés, pour les rendre accessibles. Le médecin du travail deviendrait alors un acteur de santé publique ».
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