EN OBSERVANT les intentions de vote des praticiens libéraux lors des trois précédents scrutins présidentiels, on constate un léger et progressif basculement du corps médical libéral, traditionnellement étiqueté à droite.
Deux semaines avant le premier tour, en 1995, plus d’un médecin libéral sur deux s’apprêtait à voter RPR. Jacques Chirac était crédité de 33 % des intentions de vote des praticiens libéraux, devant le premier ministre de l’époque, Édouard Balladur (22 %), également candidat du RPR, et le socialiste Lionel Jospin (20 %). Au second tour, les médecins préféraient très largement Jacques Chirac à Édouard Balladur (60 % contre 40 %) et surtout à Lionel Jospin (70 % contre 30 %).
La donne a changé sept ans plus tard lors d’une élection marquée par la présence historique de 16 candidats et donc une très forte dispersion de l’électorat médical. Quatre jours avant le célèbre 21 avril 2002, qui vit le candidat du Front national accéder au second tour, les médecins de ville se prononçaient certes toujours en faveur de Jacques Chirac lors des deux tours. Mais au premier, le président sortant était crédité de seulement 19 % d’intentions de votes contre 15 % à Lionel Jospin, à égalité avec Alain Madelin, et devant Jean-Pierre Chevènement (13 %) et François Bayrou (11 %). Au second tour, les médecins optaient à 59 % pour Chirac contre… Lionel Jospin (41 %).
La comète DSK.
Le scrutin de 2007 a clairement marqué une droitisation de l’électoral médical. Nicolas Sarkozy était le favori incontesté. Le leader d’une UMP rassemblée obtenait 48 % d’intentions de vote des médecins libéraux au premier tour tandis que le candidat du Mouvement démocrate, François Bayrou, était crédité de 29 %, score également très haut. Les deux hommes devançaient allègrement la socialiste Ségolène Royal (16 %). Au second tour, Nicolas Sarkozy était préféré par 3 médecins sur 4 à Ségolène Royal !
Les cartes ont été en partie rebattues ces cinq dernières années. La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) et la gestion de la vaccination contre la grippe H1N1 ont mécontenté une grande partie de l’électorat médical. En avril 2011, les médecins libéraux donnaient pour la première fois leur préférence à un candidat...socialiste, Dominique Strauss-Kahn (36 %), devant Nicolas Sarkozy (31 %). Une analyse plus fine montrait que 18 % des médecins libéraux qui avaient voté Sarkozy en 2007 se tournaient alors vers DSK tandis que 45 % de ceux qui avaient glissé un bulletin Bayrou dans l’urne choisissaient l’ancien patron du FMI.
Le candidat finalement investi par le PS n’a jamais retrouvé le même niveau de popularité auprès des médecins. François Hollande demeure toutefois à un niveau honorable d’intentions de votes au premier tour chez les libéraux (26 %), très au-delà de celui des candidats socialistes lors des précédents scrutins présidentiels. Il s’inscrit en deuxième position derrière Sarkozy (36 %) mais devant François Bayrou (19 %). La tentation du vote rose liée au phénomène DSK a donc été repoussée. Après son opération de reconquête du corps médical, Nicolas Sarkozy est de nouveau le candidat préféré des praticiens de ville. Avec 58 %, le président sortant l’emporterait aisément contre François Hollande (42 %) le 6 mai, selon notre dernier sondage du 5 mars.
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