Selon un sondage IPSOS réalisé pour le LEEM en juin 2018, 83 % de la population française est favorable à la vaccination. En 2016, le taux de confiance n'était que de 69 %.
« Cette embellie reflète une adhésion massive au principe de la vaccination », s'enthousiasme Philippe Lamoureux, directeur général du LEEM. « La prise de parole forte des pouvoirs publics contribue à réduire l'inquiétude vis-à-vis des vaccins », poursuit-il, ajoutant qu'« il faut continuer à transmettre une information claire, objective et validée scientifiquement ».
Malgré ces résultats, la couverture vaccinale demeure insuffisante en France, comme en témoigne le décès lié à la rougeole survenu récemment.
Les vaccinosceptiques restent minoritaires
Pour le Pr Odile Launay, professeur en maladies infectieuses à l’université Paris-Descartes, coordinatrice du Centre d'investigation Clinique (CIC) Cochin Pasteur et du réseau national d’investigation clinique en vaccinologie (I-REIVAC), « l'obligation vaccinale permet de redonner confiance, mais elle devrait être transitoire. Nous aimerions que chacun adhère de lui-même à la politique de prévention ».
« Une frange minoritaire de la population reste vaccinosceptique », note Philippe Lamoureux. Le sondage montre que 17 % des personnes interrogées ne sont pas favorables à la vaccination. Une défiance largement relayée par les réseaux sociaux.
À la demande du LEEM, la société Netscouade a analysé les conversations en ligne (médias en ligne, blogs, forums, réseaux sociaux, etc.) autour de la vaccination afin de mesurer l'ampleur de la désinformation. L'enquête porte sur la période juin 2017-juin 2018, marquée par la question de l'obligation vaccinale. « Les réseaux sociaux sont un vecteur privilégié de fake news », résume Martin Biéri, directeur Études & Réputation de la société, précisant que « ce qui joue sur la peur fonctionne très bien ». Sur Facebook, le Pr Henri Joyeux a ses adeptes. « Il se présente comme un lanceur d'alerte », note Martin Biéri.
Une « contre-attaque » institutionnelle s'est notamment opérée sur Youtube. Le ministère des Solidarités et de la Santé s'est par exemple associé aux youtubeurs « E-penser » et « Dans ton corps » pour sensibiliser à la vaccination.
Parmi les argumentés avancés par les « antivax » : l'utilisation de l'aluminium comme adjuvant. « Nous avons près d'un siècle de recul sur les sels d'aluminium qui restent les meilleurs adjuvants à notre disposition », souligne le Pr Brigitte Autran, coordinatrice du réseau Corevac d'Aviesan et professeur émérite de la faculté de médecine Sorbonne-Université de Paris. « Les vaccins font l'objet d'une surveillance continue même une fois l'autorisation de mise sur le marché obtenue », ajoute le Pr Launay.
Développer la culture de la prévention en France
Le Pr Launay, le Pr Autran et Serge Montéro ont souligné les lacunes de la France dans le domaine de la prévention. « Cela pourrait expliquer en partie les difficultés rencontrées avec la vaccination. Il y a tout un travail d'éducation à mettre en place auprès des professionnels de santé et de la population générale », avance le Pr Launay. Selon Serge Montéro, président du Comité vaccins du LEEM, « des changements doivent être opérés en France via l'enseignement à tous les niveaux pour développer la culture de la prévention en France ».
Avec l'objectif affiché de faire de la France la « référence européenne de la politique vaccinale à l'horizon 2022 », le LEEM a publié 15 propositions axées sur la recherche, la production et l'approvisionnement des vaccins, la confiance dans les vaccins, l'accès aux vaccins et la spécificité du vaccin dans le système de soin. Dans ce cadre, Serge Montéro souhaite « une harmonisation à l'échelle européenne », regrettant notamment la disparité des calendriers vaccinaux d'un pays à l'autre. Il déplore par ailleurs l'absence de bases de données regroupant le statut vaccinal des Français, comme il en existe dans d'autres pays. Enfin, pour le président du Comité vaccins du LEEM, « la confiance ne s'instaure que par la transparence ».
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