QUAND LA MUSIQUE rompt le silence des services hospitaliers, cela se remarque ! Face aux deux guitaristes et au percussionniste qui ont investi sa chambre du service de pédiatrie, Antoine, cloué dans son lit à la suite d’un accident de la route, n’en croit pas ses oreilles. Puis son rire se fond dans la musique lorsque l’infirmière amorce, avec conviction, le refrain d’un titre du groupe Police. Quelques minutes plus tard, c’est son compagnon de chambrée qui se joint au groupe pour interpréter « Clandestino », de Manu Dibango. Avec brio. Pour les deux adolescents, c’est un peu d’air extérieur, celui dont ils sont justement privés durant leur hospitalisation, qui leur est ainsi insufflé.
Ce service de pédiatrie du CH de Villefranche-sur-Saône reste, évidemment, un lieu privilégié de soins. Mais en l’espace de quelques années, Jesus Gutierrez, éducateur dans cette unité, et musicien, a su convaincre les soignants de suivre les formations proposées par l’association Musique et Santé. Depuis, il arrive que les soignants pousse la chansonnette en travaillant, pour apporter « un peu de légèreté, un peu de vie », explique Jesus Gutierrez. Au fil du temps s’est imposée l’idée d’organiser deux journées pleine de musique dans plusieurs unités, de la néonatologie aux urgences, en passant par l’hôpital de jour.
Des « pros ».
Pour ce projet, qui réclamait organisation et professionnalisme, les soignants ont fait appel à Fée des musiques, une fédération de musiciens intervenants dans les domaines de la santé et du handicap. Sur un tel projet, doublé de fortes contraintes inhérentes à l’hôpital, amateurisme et bénévolat n’avaient pas leur place. « Nous insistons sur le professionnalisme », indique Yannick Hervé, guitariste et fondateur de cette fédération, qui met l’accent sur la richesse du répertoire de ses musiciens, capables d’improviser en deux temps trois mouvements à partir de la demande imaginaire d’un enfant, mais aussi d’éviter tout faux-pas. Par exemple, « il est hors de question de jouer auprès d’un enfant qui n’adhère pas à ce qui est proposé, ou de faire des percussions si un patient est en souffrance ».
Les musiciens doivent savoir sortir le bon outil au bon moment, diminuer d’un demi-ton pour qu’un enfant puisse chanter, s’adapter aussi à la culture d’un patient. C’est pourquoi, ces premières journées Musicopitales ont été précédées de six mois de préparation, soit un investissement de 2 000 euros pour l’établissement qui les a accueillies. Le petit groupe de Fée des musiques s’apprête déjà à les transposer ailleurs. Peut-être du côté de Poitiers.
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