LES GRANDES MANŒUVRES ont commencé. Le Tahor (Lipitor aux États-Unis), le médicament le plus vendu au monde avec 7,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2010, tombera prochainement dans le domaine public à l’échéance de son brevet. Les dates sont connues : le 30 novembre 2011 pour les États-Unis et le 7 mai 2012 pour la France.
Dans l’Hexagone, le Tahor représente le premier poste de remboursement de médicaments pour l’assurance-maladie avec 465 millions d’euros rien que pour 2010. Des montants qui, même s’ils doivent baisser sensiblement du fait de la tombée de cet anticholestérol dans le domaine public, font de ce médicament un produit extrêmement convoité par l’ensemble des génériqueurs.
C’est dans ce contexte que Pfizer-France a signé un accord avec la branche française de Sanofi-Aventis.
Ni l’un ni l’autre de ces laboratoires n’est prolixe sur la nature de ce compromis, chacun s’abritant derrière la confidentialité demandée par l’autre partie. Aux termes de ce document, Sanofi a obtenu de Pfizer le droit de produire le générique du Tahor, sous la marque de sa filiale spécialisée Zentiva, avant même la date d’expiration en France du brevet. Un accord possible grâce aux décisions actées lors du dernier conseil stratégique des industries de santé (CSIS), en octobre 2009. Ces règles permettent désormais aux industriels français de commencer la production d’un générique avant la date d’expiration du brevet, ce qui permet d’approvisionner le marché dès le jour J. Auparavant, les génériqueurs faisaient fabriquer ces copies dans des pays où la législation le permettait. Ce dispositif permet de maintenir la production de ces génériques dans l’hexagone, avec des emplois. Les dispositions actées par le CSIS prévoient également qu’en contrepartie de l’accord entre le génériqueur et le détenteur du princeps, ce dernier bénéficie en France de remises fiscales.
Dans le cas du générique du Tahor, le processus de fabrication se fera en deux étapes, indique un connaisseur du dossier. Une partie se fera dans les centres de production de Zentiva situés dans l’ancienne Europe de l’Est, une autre sur le sol français. Impossible de faire autrement, explique un responsable syndical, pour qui Sanofi n’a pas la capacité industrielle de réaliser l’ensemble de la fabrication du générique du Tahor dans ses centres de production français. À la direction de Sanofi, on précise qu’« il n’est pas question de commercialiser l’Atorvastatine [le nom du Tahor en dénomination commune internationale] avant la date de perte du brevet en France, soit le 7 mai 2012 ».
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