QUELLES ont été les répercussions de la politique de déremboursement des médicaments en France de 2002 à 2010 ? Une étude de l’IRDES se penche sur la question et révèle plusieurs effets inattendus.
Entre 2005 et 2010, la dépense pharmaceutique totale en France a augmenté de 12,3 %, passant de 30,7 à 34,4 milliards d’euros. Pour y faire face, les pouvoirs publics ont privilégié le déremboursement des médicaments à faible efficacité thérapeutique, dans l’espoir de diminuer à la fois leur consommation et leur coût pour la collectivité. Depuis le plan Aubry (juillet 2000), organisant une baisse des taux de remboursement de certains produits à SMR insuffisant, les vagues de déremboursements ont déferlé : août 2003 (84 médicaments n’ayant plus leur place dans la stratégie thérapeutique), mars 2006 (282 spécialités disponibles sans prescription - expectorants, fluidifiants bronchiques...), janvier 2007 (nouveau taux de de remboursement à 15 % pour les veinotoniques avant déremboursement total en 2008), avril 2010 (150 médicaments dont les vasodilatateurs périphériques passent de 35 % à 15 %) et octobre 2011 encore (26 produits concernés). Cette politique a encouragé les praticiens à réduire la prescription des médicaments concernés. Une étude de la Mutualité française datée de 2007 (analysant l’impact des déremboursements au début de 2006) montrait déjà une baisse de 50 % du nombre de boîtes de médicaments déremboursés vendus, soit 106 millions en 2006 contre 213 millions en 2005.
Mais au-delà de l’économie immédiate, mécanique, l’IRDES met en cause l’efficacité de cette politique à long terme, en raison des report de prescription vers des classes thérapeutiques toujours remboursées. En terme de santé publique, le risque que le traitement de substitution ne soit pas aussi pertinent médicalement que l’original est réel. Et financièrement, le coût des nouveaux traitements grignote voire annule les économies induites par le déremboursement. Le cas des mucolytiques et des expectorants est édifiant : dès le déremboursement en mars 2006, le taux de prescription de ces produits a chuté. Mais l’effondrement des ventes s’est accompagné progressivement d’une hausse des prescriptions d’antitussifs et vers la classe des autres bronchodilatateurs.
L’Irdes préconise la création d’« outils de pilotage » en amont et en aval du déremboursement. Le but : anticiper les futurs sorties du panier remboursable et mieux accompagner les patients et les praticiens.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation