« À QUOI SERT cette liste ? », s’interroge l’économiste de la santé Claude Le Pen (lire ci-dessous).
De fait, l’énumération des 77 spécialités sous surveillance mélange des médicaments divers. La liste n’établit pas le distinguo entre des médicaments essentiels et d’autres plus accessoires. Surtout, elle associe des produits bientôt retirés du marché (Celance, Di-Antalvic, Ketum, Noctran par exemple), les médicaments faisant l’objet d’un suivi renforcé (Byetta, Cervarix, Gardasil, Isentress, entre autres), ceux faisant, ou sur le point de faire l’objet d’une procédure de réévaluation de la balance bénéfice/risque (Actos, Hexaquine, Mynocine, Nitrofurantoïne), et ceux, les plus nombreux, faisant simplement l’objet d’un suivi après 6 mois, un an, ou deux ans de commercialisation. La lisibilité d’une telle liste ne paraît pas garantie.
Quant aux médecins, ils semblent quelque peu désorientés, voire désemparés. Sur le site « Lequotidiendumedecin.fr », les témoignages affluent. « Faut-il à chaque fois alarmer les patients qui, en apprenant la nouvelle, courent dans les cabinets médicaux déjà surpeuplés ? », s’interroge l’un deux. « Faut-il arrêter de les prescrire, et chez les patients traités, par quoi les remplacer ? », demande un autre qui se plaint de « cette pagaille et cette anticommunication ». « C’est la mode d’ouvrir le parapluie », constate un autre confrère qui rappelle que « tout médicament est potentiellement dangereux ». Un praticien s’énerve : « le gros problème, écrit-il, c’est que ces recommandations sont faites par des gens qui sont bien au chaud dans leurs pantoufles, à cent lieues des réalités du terrain, mais qui veulent nous imposer leur diktat ». Un autre médecin s’interroge : « Avec quoi allons-nous traiter nos patients ? Il y a toujours eu des médicaments à risque potentiel, mais très efficaces et irremplaçables, qu’il faut manier avec les précautions d’usage ».
Côté syndicats, ça ne se passe guère mieux. « Le gouvernement a oublié de prévenir en amont les médecins qui ont découvert la fameuse liste au journal de 20 heures », déplore la CSMF qui regrette « la précipitation médiatique des autorités ». Et précise que le ministère de la Santé dispose des adresses mails de tous les médecins pour les informer en temps réel. Quant à la branche spécialiste de la FMF, elle rappelle que « les médecins ne peuvent être tenus responsables d’éventuelles complications, fonctionnelles ou vitales, secondaires à la prescription des médicaments dans le cadre de leur AMM ».
Seule voix dissonnante, celle du Pr Bernard Debré, député UMP de Paris. « Enfin un peu de clarté et de transparence, a-t-il estimé. Qui alertait les généralistes, avant ? ».
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