Malgré les crises et affaires, les Français conservent un niveau de confiance très élevé dans les médicaments. C'est le premier enseignement du 8e sondage réalisé par Ipsos pour le LEEM (Les entreprises du médicament). Ainsi, près de 8 Français sur 10 déclarent avoir confiance dans les médicaments en général (77 %), et d’autant plus dans les médicaments qu’ils prennent eux-mêmes (83 %). Ce niveau de confiance atteint 84 % chez les patients chroniques.
Les médicaments remboursés, ceux délivrés sur ordonnance, et les médicaments de marque bénéficient d’un niveau particulièrement élevé de crédit (respectivement 84 %, 83 % et 79 %). Ils creusent l'écart avec les produits non remboursés (66 %), les médicaments sans ordonnance (65 %) ou les génériques (69 %). Malgré la polémique sur l’homéopathie, menacée de déremboursement, le niveau de confiance pour les granules reste élevé (69 %).
Bonne surprise du sondage : les vaccins connaissent un regain de confiance (71 %) après une baisse en 2016 (69 %). Ce rebond bénéficie aussi au rapport bénéfices/risques associé : 52 % des Français considèrent que les vaccins présentent plus de bénéfices que de risques pour la santé contre 44 % en 2017. Ce retour de confiance est plus marqué chez les jeunes 25/34 ans (+18 points à 49 %). « Certaines réaffirmations des pouvoirs publics et les messages sur la recrudescence de la rougeole par exemple ont dû jouer un rôle important pour rendre crédible la vaccination aux yeux des Français », commente Bruce Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos.
Le médecin traitant plébiscité
En matière d’information crédible sur les médicaments, les soignants restent plébiscités. Les médecins traitants (92 %) sont cités devant les infirmières (91 %), les spécialistes (90 %), les pharmaciens 84 % et les notices des médicaments (79 %). Pour s'informer, les Français font confiance dans une moindre mesure aux associations de patients (78 %), à leur entourage (76 %), aux lanceurs d'alerte (59 %).
En revanche, le niveau de confiance s'érode nettement quand il s'agit des pouvoirs publics ou des autorités sanitaires (46 %), de la presse écrite (40 %) et surtout des entreprises du médicament (32 %). « C'est paradoxal car ils font confiance dans les notices de médicament. Mais les Français ne font pas le lien entre les laboratoires et ceux qui font ces notices. Il faut que les entreprises rappellent ce rôle », note Brice Teinturier.
L'innovation thérapeutique reste un sujet très méconnu du grand public. Un Français sur 10 sait ce que recouvrent les médicaments d’immunothérapie et de thérapie génique et 3 % ont une connaissance des biosimilaires.
Interrogés sur l'apport spécifique de l’intelligence artificielle en santé, 43 % des Français pensent que l’IA pourrait les conseiller sur les médicaments disponibles sans ordonnance. Mais seulement 28 % estiment que l’IA pourra prescrire demain à la place du médecin.
Manque d'accompagnement
Ce haut niveau de confiance des Français dans le médicament ne profite pas aux entreprises du secteur. Même si les laboratoires sont perçus comme utiles (85 %), à la pointe du progrès (78 %) et de la recherche (77 %), leur image reste très mitigée.
En particulier, l’attention portée par les entreprises aux patients à travers la prise en compte des risques d’effets secondaires, l’accompagnement tout au long de leur maladie et l’écoute recueillent respectivement 37 %, 36 % et 36 % d’opinions favorables seulement. Pire encore, 34 % des Français jugent ces entreprises éthiques et 16 % jugent qu’elles sont transparentes.
Commentant ce baromètre mardi, le nouveau président du LEEM, le Dr Philippe Tcheng, rappelle qu'il fait de l'éthique et de la transparence « les valeurs prioritaires » de son mandat. Il appelle les laboratoires à « faire preuve de plus de pédagogie sur le fonctionnement et l'encadrement des entreprises à chaque stade, de la mise au point des médicaments, jusqu'à la fixation des prix et à leur mise sur le marché ».
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