BRANCHE méconnue de la chaîne du médicament, les dépositaires ont un rôle crucial. Ils stockent et distribuent, pour le compte des laboratoires pharmaceutiques, les produits de santé (dispositifs médicaux, diététique spécialisée, dermocosmétique...) aux officines ou aux pharmacies des établissements hospitaliers publics et privés ainsi qu’aux grossistes répartiteurs.
Le marché était florissant et très protégé ces 15 dernières années. Mais aujourd’hui, la profession est dans l’œil du cyclone et suscite un surcroît d’intérêt. Comme le reconnaît le président des entreprises du médicament (Le LEEM), Christian Lajoux, « les laboratoires ont longtemps considéré la distribution comme purement logistique. Elle se révèle stratégique ».
Stratégique, la gestion des flux l’est pour ceux qui souhaitent maîtriser leurs coûts. Les pharmacies de ville ont recours aux dépositaires pour 21 % de leur approvisionnement. Ils sont « indispensables », estime Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) : « Nous devons chercher des gains de productivité, nous avons besoin d’un approvisionnement pluriel, avec des grossistes répartiteurs et des dépositaires, pour faire jouer la concurrence ».
Rationalisation des achats.
Les pharmacies à usage interne des hôpitaux (PUI) s’approvisionnent à 99,5 % auprès des dépositaires. L’avantage est aussi organisationnel. Ces logisticiens permettent en effet de constituer des stocks de médicaments hors des murs de l’établissement. « Nous ne pouvons pas avoir de matelas financiers à l’hôpital, nous commandons le juste nécessaire en fonction des besoins des patients et les dépositaires sont réactifs », avance Bernard Gustin, chef de service du pôle pharmacie au CHU de Metz-Thionville. De plus, la mutualisation des achats dans le cadre des groupements de coopérations sanitaires, préconisée autant par la Cour des comptes que par l’IGAS, dégage du temps aux pharmaciens pour leurs missions spécifiques (prescription, pharmacie clinique, recherche...).
Surtout, au-delà de ces enjeux (l’entreposage ne représente plus que 30 % du chiffre d’affaires des dépositaires), se pose la question d’une gestion internationale des flux de médicament. « Le marché ne peut plus être franco-français : les filiales de transporteurs sont mondiales », souligne Marc Bertrand, président de Geodis. Même son de cloche du côté du LEEM : « Nos entreprises fonctionnent par business unit et de moins en moins par pays : cette globalisation aura un fort impact sur la distribution. Nous attendons de vous que vous entriez dans une logique radicale multinationale tout en répondant aux besoins de proximité » a lancé Christian Lajoux aux membres de Logsanté.
Un message déjà reçu par la plus grosse entreprise française de dépositaires de produits de santé, Eurotranspharma. « Nous devons établir des réseaux entre les centres de distribution européens et regrouper les produits issus de ces centres pour les livrer à l’échelle européenne », explique Stéphane Baudry, le président. Mais le projet est encore dans les limbes pour la plupart des entreprises de dépositaires.
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