« Nous vivons très mal ces critiques, nous en sommes malades ». Cette déclaration de Louisette Charroin, responsable de la branche chimie pharmacie du syndicat CFTC, et visiteuse médicale, illustre l’état d’esprit de la profession. Tous répètent le même refrain : les cadeaux, les voyages, c’est fini. Pascal Le Guyader, directeur des affaires sociales du LEEM (syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique), précise que « la visite médicale est une profession extrêmement encadrée : des règles sont fixées par le code de la santé publique, par la convention collective, par la loi anti-cadeaux, par la Charte de la visite médicale, et par une certification de la HAS. De plus, les VM bénéficient d’une formation initiale de qualité ».
De son côté, Philippe Chaumette, secrétaire général adjoint du syndicat UNSA-chimie-pharmacie (lui aussi visiteur médical), observe que « tout ce que font les VM dans l’exercice de leur profession est demandé par l’entreprise. Leur tomber dessus, c’est mettre en cause les lampistes ». Si les VM se défendent de dérives, ils n’absolvent pas le passé de leurs employeurs. « L’industrie a longtemps prêté le flanc à la critique, continue Philippe Chaumette. Dans les années 90, elle nous qualifiait de force de vente. Nos responsables vendaient des médicaments comme dans des linéaires, il y a eu des dérives marketing ». Mais aujourd’hui, à entendre Louisette Charroin, c’est fini : « Dans chaque labo, précise-t-elle, il y a un service médical qui contrôle tout, depuis le discours des VM, jusqu’aux documents remis aux médecins. Le VM n’a aucune marge de manœuvre ». « Notre discours aux médecins, ajoute Philippe Chaumette, c’est l’AMM, rien que l’AMM, toute l’AMM ».
Que faire pour restaurer la confiance ? Louisette Charroin met les pieds dans le plat : « La vraie piste de réforme,ce n’est pas la visite médicale elle-même, ce serait de revoir le mode de fonctionnement des labos et de ceux qui délivrent les AMM ». De son côté, Philippe Chaumette a sa petite idée : « La solution, indique-t-il, c’est d’empêcher les laboratoires d’avoir accès aux chiffres des officinaux, et in fine aux prescriptions des médecins presque quartier par quartier. Ainsi, les labos ne pourraient plus avoir une démarche à ce point commerciale ». Pascal Le Guyader sugère la mise en place « d’un référentiel de formation continue commun à tous les laboratoires ». Les visiteurs médicaux sont aujourd’hui 18 300 en France, et selon une étude du LEEM, ils devraient être 15 000 en 2015.
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