« RÉALISÉ SOUS LA DIRECTION du Pr Benoît Schlemmer, le nouveau programme d’action quinquennal (2011-2016) décline des actions claires regroupées en trois axes stratégiques. Toutes les actions ont une présentation uniforme avec un objectif, des moyens à mettre en place et un indicateur de résultat qui devraient permettre une évaluation plus facile des actions du plan », estime le Dr Serge Alfandari.
Trois axes stratégiques.
1) L’amélioration de l’efficacité de la prise en charge des patients. Celle-ci repose sur la rationalisation des protocoles et des référentiels d’aide à la prescription des antibiotiques (ATB). Le nouveau plan insiste sur la structuration d’une offre de conseil en antibiothérapie associant des référents dans les établissements de santé et des centres de conseil pour les médecins de ville. « Les référents, qui peuvent être infectiologues ou être issus d’autres disciplines, seront les effecteurs des actions et de la diffusion des modalités de bon usage. Ils doivent avoir reçu une formation récente en antibiothérapie ou avoir une compétence reconnue sur ce sujet », explique Serge Alfandari.
« Cependant, pour que ces référents puissent exercer un conseil efficace en antibiothérapie, un décret imposant aux hôpitaux de se doter de référents ATB et précisant que ceux-ci doivent bénéficier d’un temps spécifique est nécessaire. Cette activité ne pourra se faire en plus de leur activité hospitalière habituelle. »
2) La préservation de l’efficacité des ATB. Les actions concernant la surveillance de la consommation des ATB et de l’antibiorésistance déjà mises en place seront poursuivies. Il faut réduire la pression de sélection globale des ATB, mais le plan insiste aussi sur les actions visant à limiter la prescription des ATB les plus à risque de sélectionner les germes résistants comme les carbapénèmes, les fluoroquinolones et les céphalosporines de troisième génération (C3G). Dans cet objectif, le plan recommande aussi à l’hôpital la prescription nominative par patient et l’inscription de certains ATB sur la liste des médicaments à dispensation contrôlée (accord d’un référent, réalisation d’un antibiogramme et/ou durée limitée).
3) La promotion de la recherche sur les ATB. Un premier pas a déjà été accompli en ce sens puisque l’antibiorésistance fait partie des thèmes prioritaires de la circulaire budgétaire précisant les programmes hospitaliers de recherche clinique pour l’appel à projets 2012.
« Ce troisième plan est cohérent mais il n’a pas de moyens financiers propres », regrette Serge Alfandari. Or, il faut continuer à informer et sensibiliser les praticiens et le grand public. Les plans précédents ont comporté des actions positives mais leurs retombées sont difficiles à évaluer. La consommation d’ATB, qui avait diminué après le premier plan, tend à remonter. Par ailleurs, il y a toujours un déficit d’accès à l’information, une méconnaissance des recommandations et encore trop souvent de prescriptions de couverture par ignorance. À retenir : un sondage récent a montré que les patients sont moins demandeurs d’ATB que les médecins ne le pensent !
D’après un entretien avec le Dr Serge Alfandari, infectiologue et hygiéniste, centre hospitalier de Tourcoing.
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