Les laboratoires vivent une « mutation géopolitique et scientifique », et la production chimique traditionnelle est « lourdement concurrencée par une production de spécialités génériques souvent localisée à l’étranger », explique Philippe Lamoureux, directeur général du LEEM (syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique). Résultat édifiant : la croissance annuelle moyenne sur la période 2006-2012 devrait se situer aux alentours de 16 % par an dans des pays comme le Brésil, la Russie, l’Inde ou la Chine, alors qu’elle stagne à 2 % par an dans les pays européens.
En France, la situation n’est guère plus rose, à en croire le LEEM qui dénonce la « politique de régulation arbitraire, sévère et aveugle » menée en 2011 par le précédent gouvernement. Celle-ci aurait abouti à « un alourdissement sans précédent de la pression fiscale » que le LEEM évalue à 2 milliards d’euros.
Risques pour l’innovation.
Philippe Lamoureux n’oublie pas le poids de la crise du Mediator et les conséquences de la loi médicament. « Les mises en cause de l’évaluation française, la multiplication des mesures unilatérales prises par notre pays et le développement d’un climat de suspicion n’ont pas tardé à produire leurs effets », affirme le directeur général du LEEM. Le nombre d’essais cliniques réalisés en France a diminué de même que les dossiers d’autorisation de mise sur le marché (AMM). « La France court le risque de ne plus apparaître comme un pays accueillant pour l’innovation thérapeutique », craint Philippe Lamoureux.
Le LEEM appelle le nouveau gouvernement à « réaffirmer l’importance stratégique de la filière » du médicament et à renforcer la politique conventionnelle qui régit les rapports entre les pouvoirs publics et la profession. Il souhaite aussi « déployer, en la clarifiant, la loi médicament », parlant de « zones d’ombre et de malfaçons du texte ». Philippe Lamoureux cite l’article consacré aux dons aux associations de professionnels de santé, à ses yeux inapplicable, et celui consacré à la transparence totale des liens d’intérêts. Il invite également le gouvernement à combler le retard pris par la France en matière de transposition des directives européennes sur la pharmacovigilance, ces directives étant « la meilleure réponse à la situation créée par le Mediator ».
Philippe Lamoureux a souhaité enfin l’aboutissement rapide des négociations qui viennent de s’ouvrir entre le LEEM et le CEPS (Comité économique des produits de santé, chargé de la fixation du prix des médicaments). « Sa finalisation serait un message clair adressé au secteur », assure-t-il avant de prévenir que « le niveau de régulation retenu sera un indicateur majeur ».
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