« UNE PHARMACIE sur deux fait la croix sur la transparence », accuse l’« UFC - Que choisir ».
L’association de consommateurs a lancé entre décembre 2011 et janvier 2012 une opération de testing auprès de 648 pharmaciens d’officine, dans 17 départements français. Avec un seul scénario à chaque fois : l’achat en automédication par une même personne (assurant qu’elle souffrait d’un rhume associé à de la fièvre et à des courbatures) de deux médicaments incompatibles, l’aspirine UPSA vitaminée C 330 mg, et le Rhinureflex, produit qui contient notamment de l’Ibuprofène. Le but de l’opération, selon « Que choisir », était de vérifier la qualité du conseil en pharmacie lors de l’achat de ces médicaments sans ordonnance, mais aussi de contrôler le respect des obligations de transparence tarifaire, et d’évaluer le niveau des prix pratiqués.
Commerce.
Le résultat de cette enquête est apparemment sans appel, même si les pharmaciens ne manqueront pas de débusquer quelques biais dans la méthodologie. Sur les 648 officines testées, seules 52 % d’entre elles (337) ont mis spontanément en garde contre l’association des deux médicaments. 10 % de pharmacies supplémentaires (65) ont opéré une mise en garde, mais seulement après une question de relance de l’acheteur, et 38 % (246) n’ont effectué aucune mise en garde, même après la question de relance.
« Près d’un pharmacien sur deux n’a pas rempli son devoir de conseil, cette défaillance les ramène à des commerçants comme les autres », tranche Alain Bazot, président de l’association. Il précise qu’une opération similaire effectuée en 2009 avait déjà donné des résultats inquiétants, avec 41 % de pharmaciens qui avaient mis en garde contre le risque d’interaction. De surcroît, souligne l’association, à la veille de cette enquête, l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) avait fait parvenir aux professionnels de santé une alerte sur la posologie et les contre-indications de médicaments, tel le Rhinureflex, qui comprennent un vasoconstricteur. Or, note « Que choisir », 74 % des pharmaciens n’ont pas relayé cette alerte, ni indiqué la posologie maximale du Rhinureflex lors de la vente.
Fièvre tarifaire.
Pour l’affichage des prix, le constat n’est guère plus reluisant. Seules 7 % des officines installent visiblement l’affiche obligatoire précisant que « le prix des médicaments non remboursables est libre », 4 % placent l’affiche dans un endroit peu visible et 89 % ne l’affichent pas du tout. Quant aux prix des médicaments situés derrière le comptoir, ils ne sont affichés lisiblement que dans 53 % des cas ; dans 11 % des officines, ils sont affichés lisiblement, mais pour une partie seulement des médicaments ; dans 24 % des cas, ces prix sont affichés, « mais pas très lisibles » ; enfin dans 12 % des officines, ces prix ne sont pas du tout affichés. S’agissant des prix pratiqués, l’association parle d’« une inquiétante fièvre tarifaire ». Pour la boîte d’aspirine vitaminée UPSA, les prix relevés allaient en effet de 1,30 euro à 4,95 euros, soit une différence de 380 %. « Les prix élevés ne sont pas la garantie d’un meilleur conseil », commente « Que choisir » qui précise que « 40 % seulement des pharmacies les plus chères ont mis en garde spontanément sur l’interaction avec le Rhinureflex, contre 58 % pour les pharmacies les moins chères ».
À l’USPO (Union syndicale des pharmaciens d’officine) le président Gilles Bonnefond reconnaît que la situation n’est pas « parfaite à 100 % partout ». Mais il souligne que selon un sondage IPSOS réalisé il y a deux ans pour le conseil de l’Ordre des pharmaciens, 40 % des Français qui rentrent dans une officine pour se faire délivrer un médicament sans prescription en sortent…sans en avoir acheté après discussion avec le pharmacien. « Il faut aussi renforcer le dossier pharmaceutique, ajoute Gilles Bonnefond, et ne pas se contenter d’y inscrire les médicaments achetés après prescription médicale, mais aussi ceux en vente libre, de manière à disposer d’un panorama complet de la consommation médicamenteuse ».
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