L’Académie nationale de médecine vient d’adopter un rapport très critique sur les médicaments génériques. Ces produits ne trouvent pas grâce aux yeux des sages de la rue Bonaparte. Ceux-ci jugent pêle-mêle que les génériques ne sont en rien une « copie conforme de la spécialité princeps », que leurs différentes présentations « peuvent désorienter les malades âgés », et que les changements d’excipients sont susceptibles de provoquer « des réactions allergiques plus ou moins sévères ».
Une « moindre efficacité et un délai d’action plus long » ont été observés sur certains génériques d’antibiotiques, note l’Académie.
L’institution observe enfin que les règles de bonnes pratiques dans la fabrication des médicaments génériques sont très coûteuses, si bien que « certains fabricants n’hésitent pas à les contourner ». Un laboratoire canadien se serait même prêté à ce petit jeu, selon l’Académie. Par ailleurs, la mondialisation a entraîné une « dispersion planétaire des chaînes de production et de distribution », qui fait que « la qualité des produits devient plus difficile à assurer ».
Certes, les génériques permettent de réaliser des économies non négligeables, mais elles « sont atténuées par la baisse des prix des princeps et le développement de formes princeps nouvelles, proches des génériques ».
Après l’attaque en règle viennent les recommandations, au nombre de cinq. Les académiciens préconisent tout d’abord de demander au pharmacien le respect de la mention « non substituable » (NS) parfois apposée par le praticien sur l’ordonnance. Le maintien de cette mention « est indispensable à une médecine personnalisée tenant compte des situations à risque », précisent les auteurs. L’institution juge également indispensable l’application formelle des contrôles de qualité sur les produits finis importés. Elle recommande aussi de rapprocher « le plus possible la présentation du générique de celle de son princeps », en évitant les excipients à effet notoire. Le rapport insiste aussi pour que les patients en traitement chronique, ou sous le coup d’associations thérapeutiques, puissent se procurer toujours la même marque de génériques, ce qui suppose évidemment que les pharmaciens disposent de l’ensemble des génériques présents sur le marché, ce qui est loin d’être acquis. L’Académie suggère pour conclure d’appliquer les règles de la pharmacovigilance et de la pharmacoépidémiologie aux génériques, comme elles le sont déjà pour les médicaments princeps.
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