LE QUOTIDIEN : Qu’est-ce que le XAV-19 ? À qui est-il destiné ?
Dr ODILE DUVAUX : C’est un mix d’anticorps polyclonaux glyco-humanisés obtenus en immunisant des animaux génétiquement modifiés qui fabriquent des anticorps similaires aux anticorps humains. Ces anticorps ont trois modes d’action : limiter l’inflammation par compétition avec les anticorps du patient, éviter le mécanisme d'ADE [pour Antibody-dependant enhancement ou facilitation de l'infection par les anticorps] et neutraliser le virus en bloquant sa pénétration dans les cellules.
Si les sérums de patients atteints sont une source potentielle d’anticorps, l’avantage du notre est d’être une source illimitée. Pour le moment, l’Établissement français du sang (EFS) a des difficultés à trouver des sérums, en ayant pourtant défini une barre de titre pas très élevée (1/40e) dans le cadre d’une étude en cours à l’AP-HP. Le XAV-19 est destiné aux patients hospitalisés, souffrant de difficultés respiratoires, susceptibles de s’aggraver rapidement, mais chez qui l’inflammation n’a pas encore explosé. Le critère de succès dans l’essai clinique à venir est l’évolution de l’état clinique du patient.
Où en est le développement ?
Notre temps de développement est très accéléré. Nous savons comment immuniser les animaux, comment récupérer le sérum, le purifier et le mettre en flacons. Les études toxicologiques sont faites. L’ensemble de ces éléments a été validé par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). La signature d’un accord avec le laboratoire LFB nous permet de passer à la production. Nous libérerons les premiers lots en juin et les premiers patients recevront le produit dans la foulée, si tout se passe bien. En parallèle, nous préparons le protocole et identifions les centres qui vont participer à l’essai clinique, en collaboration avec le CHU de Nantes. Au départ, il y aura trois ou quatre centres impliqués puis 40 centres pour 400 patients inclus.
Quant au financement, des fonds ont déjà été débloqués pour le développement via un financement participatif, BPI France, Nantes Metropole et la région, et nous espérons in fine réunir plus de trois millions d’euros afin de produire davantage de lots cliniques.
Quelle est l’expérience de Xenothera en matière de production d’anticorps ?
Xenothera est spécialisée en immunologie. Depuis longtemps, l’utilisation d’organes d’origine animale a été fantasmée pour transplanter et tout un pan de recherche s’est intéressé aux xéno-antigènes. En transplantation rénale, la plupart des patients reçoivent de la thymoglobuline, un anticorps polyclonal de lapin. Nous avons démontré que celle-ci induisait des effets secondaires graves à moyen et long termes pour les greffés rénaux, en raison de la présence de xéno-antigènes.
Notre premier produit, en essai clinique depuis 2019, est le LIS1 : ce sont des anticorps polyclonaux sans xéno-antigènes utilisables en transplantation. En 2015, nous avons découvert qu’il était possible de bloquer l’infection à Ebola avec ces anticorps glyco-humanisés chez les cobayes. Dès 2015, nous avions identifié le coronavirus comme cible de recherche et avions démarré une collaboration avec l’Institut Pasteur de Hong-Kong, qui a découvert le virus du SARS. En 2018, Xenothera a mis au point un traitement anti-bactéries multirésistantes qui sera en essai clinique en 2021 (XAB05).
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