L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas administrer de remdesivir aux patients Covid hospitalisés, « quel que soit le degré de gravité de leur maladie, car il n'y a actuellement pas de preuve qu'il améliore la survie ni qu'il permette d'éviter d'être placé sous ventilation artificielle », a-t-elle annoncé dans un communiqué vendredi.
L'agence onusienne s'est prononcée après l'avis de son panel d'experts, dont les conclusions sont publiées dans la revue médicale « BMJ ». D'après la revue de quatre essais randomisés incluant plus de 7 000 patients, ces spécialistes soulignent le « caractère incertain d'un bénéfice » mais aussi « la possibilité d'importants effets secondaires », de même que « son coût relativement important et ses implications logistiques », le médicament devant être administré par voie intraveineuse. L'Agence européenne du médicament (EMA) a ainsi indiqué le 2 octobre qu'elle allait étudier des signalements concernant des « problèmes rénaux aigus » pouvant être liés à la prise de remdesivir.
Initialement développé contre la fièvre hémorragique Ebola, le remdesivir (Veklury) du laboratoire Gilead est devenu le 3 juillet le premier médicament contre le Covid à recevoir une AMM conditionnelle en Europe. En France, la Haute Autorité de santé (HAS) a jugé que son intérêt (ou « service médical rendu ») était « faible ».
Absence d'effet sur la mortalité
Selon un essai dans « The New England Journal of Medicine », la molécule réduit légèrement la durée de rétablissement des patients Covid-19 hospitalisés (de 15 à 11 jours en moyenne). Mais l'étude Solidarity de l'OMS rendue publique mi-octobre et menée dans plus d'une trentaine de pays conclut que le remdesivir n'a pas apporté la preuve de bénéfices en termes de réduction de la mortalité.
Pour l'OMS, la balance bénéfice/risque du remdesivir ne permet pas de le recommander à ce stade. Pour l'instant, seuls les corticoïdes (dont la dexaméthasone) ont permis de réduire la mortalité due au Covid-19. L'OMS a recommandé leur « usage systématique chez les patients atteints d'une forme sévère ou critique ».
Gilead, qui a réagi à la décision de l'OMS par communiqué, a écrit « regretter » que les recommandations de l'OMS ne prennent pas en compte le fait que le remdesivir permette un rétablissement plus rapide, « permettant de libérer des lits d'hospitalisation ». Le laboratoire rappelle que de « nombreuses organisations nationales crédibles » ont reconnu l'utilité de la molécule, aux États-Unis, au Japon ou en Allemagne. Fin octobre, Gilead avait annoncé que le remdesivir lui avait déjà rapporté près de 900 millions de dollars au troisième trimestre.
Avec AFP
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation