LE QUOTIDIEN : L’industrie pharmaceutique dénonce les nouvelles contributions qui lui sont demandées dans le plan de réduction des déficits publics. N’est-il pas normal que l’industrie, dont les médicaments sont pris en charge par la collectivité, participe à cet effort ?
CHRISTIAN LAJOUX - Oui, mais entre les baisses de prix, les baisses de taux de remboursement, les génériques et les taxes, l’industrie participe déjà, et depuis de nombreuses années, à l’effort nécessaire de redressement des comptes de l’assurance-maladie. Et ce, pour un montant qui se situe entre 800 millions et un milliard d’euros par an! Dans le dernier plan des autorités, qui exige 500 millions d’euros d’économies supplémentaires, l’industrie contribuera pour 290 millions, c’est-à-dire à concurrence de 60 %, alors que les dépenses de médicaments ne représentent que 18 % des dépenses d’assurance-maladie. Nous sommes aujourd’hui le plus gros contributeur aux efforts de redressement des comptes sociaux, et sommes confrontés à une mesure inéquitable, incompréhensible, illisible par les dirigeants internationaux. C’est aussi une mesure complètement opportuniste, décidée pour sanctionner globalement l’industrie du médicament, suite aux affaires récentes que nous avons connues. C’est aujourd’hui l’ensemble de cette industrie qui paye pour cette affaire.
Pour Xavier Bertrand, « on consomme trop de médicaments en France, et ils sont trop chers. Il y a donc des économies à faire de ce côté-là ». Comment analysez-vous ses propos ?
J’entends les propos du ministre, mais quand il dit « trop », c’est par rapport à quoi ? L’ensemble des données dont nous disposons - et je parle des données de la CNAM - montrent qu’il y a une très forte convergence de la consommation de médicaments au niveau européen. Par ailleurs, la France n’est sûrement pas le pays où le médicament est le plus cher puisque pendant tout l’été, on a parlé des risques de pénurie de médicaments. Or ces risques sont pour bonne part liés au fait qu’un certain nombre de short liners sont venus acheter des médicaments pas chers en France, pour les revendre à un prix beaucoup plus élevé dans les autres pays européens. Je suis respectueux des propos du ministre, mais ils me semblent insuffisamment documentés.
Un conseil stratégique des industries de santé (CSIS), réunissant les industriels et leurs ministres de tutelle, devrait bientôt se tenir. Qu’en attendez-vous ?
Nous souhaitons qu’il soit cohérent avec l’ensemble de la politique du gouvernement. Lors du dernier CSIS, qui s’est tenu en octobre 2009 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, des ambitions et des perspectives très innovantes sont apparues, mais la politique menée aujourd’hui détricote les espoirs du CSIS. Il faut aujourd’hui en régénérer l’esprit, de façon qu’il puisse être un élément qui favorise la cohésion et la cohérence des politiques de santé et industrielle menées dans le pays, car la politique actuelle consiste surtout à ponctionner les industries du médicament.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation