LE QUOTIDIEN – La crise du Mediator puis l’affaire Lilly se sont accompagnées d’une charge violente contre les visiteurs médicaux, entraînant en particulier une perte de confiance de la part des médecins. Mesurez-vous cette crise de confiance ?
CHRISTIAN LAJOUX – Je tiens à souligner que dans le rapport de l’IGAS sur le Mediator, on ne parle pas de la visite médicale. La charge qui s’est ensuivie relève d’une déviation. En permanence, s’exprime ainsi une volonté de suspicion, de caricature. Mais trop, c’est trop. Les dernières attaques concernent les personnes elles-mêmes, leurs motivations. J’en appelle au respect des personnes et de la compétence de nos visiteurs médicaux. Il faut regarder de près les propos des auteurs de ce dénigrement : ils relèvent parfois du sexisme, et parfois d’autres sentiments peu honorables. Il y a eu des déclarations politiques…
Vous pensez à Martin Hirsch ?
Oui. Ou à Ségolène Royal… C’est quand même un peu trop facile de saisir une affaire grave comme le Mediator pour instruire un procès contre les visiteurs médicaux. Il se trouve que ceux-ci n’ont cessé d’améliorer leur pratique depuis de nombreuses années ! Les médecins connaissent les visiteurs médicaux. Ils se savent libres de les recevoir ou non. Ils apprécient leur niveau de formation, de compétence. Lorsque des médecins sont confrontés à des visiteurs médicaux qu’ils ne considèrent pas comme de qualité, ils ne se privent pas pour l’écrire à l’Ordre ou pour envoyer un courrier à l’entreprise employant le visiteur afin de demander que la personne rentre dans la conformité des pratiques. Je suis toujours choqué qu’on laisse croire que les médecins auraient perdu toute capacité de jugement sur cette question. Les médecins sont exigeants ! Quand on ne respecte pas les visiteurs médicaux, on ne respecte pas non plus le médecin.
Pour vous, la visite médicale n’a donc pas vécu ?
Non. D’abord, la visite médicale de 2010 n’a plus rien à voir avec celle des années 1970 ou 1980. Et je me plais à penser qu’elle n’a rien à voir non plus avec ce qu’elle sera en 2020 ou 2025. La visite médicale est un métier de promotion, bien sûr, mais elle remplit également une mission d’information extrêmement importante – les visiteurs médicaux ont participé au bon usage des antibiotiques, par exemple… Ils œuvrent par ailleurs à la remontée des informations de pharmacovigilance. Et ils permettent d’informer sur la pertinence des médicaments nouveaux ou anciens.
Les visiteurs médicaux existent dans tous les pays du monde. Dans quelle démarche sommes-nous quand certaines personnes appellent à la suppression pure et simple de la visite ? Elle va évoluer, il y aura moins de visiteurs médicaux qu’aujourd’hui. Et tout en continuant à nécessiter de fortes compétences scientifiques – des progrès restent à réaliser sur ce point –, la visite s’orientera davantage vers un dialogue plus médico-économique qu’aujourd’hui, en miroir avec ce qui se passe avec les DAM, les délégués de l’assurance-maladie. Je note au passage que ces DAM sont le meilleur hommage que l’on puisse rendre à la visite médicale : la CNAM [Caisse nationale d’assurance-maladie] les a créés sur le modèle des visiteurs.
Comment la profession peut-elle restaurer son image, échapper à la « caricature » du représentant de commerce ?
En disant « trop, c’est trop », je le répète. Les organisations syndicales des visiteurs ont réagi dans ce sens. Et le LEEM n’entend pas laisser critiquer de façon caricaturale les professionnels de l’industrie du médicament que sont les visiteurs médicaux. Nous voulons que cesse le lynchage médiatique.
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