À l'occasion d'un débat organisé par l'agence Nile, Noël Renaudin, l'ex-président du comité économique des produits de santé (CEPS, principalement chargé par la loi de fixer les prix des médicaments), a livré sans langue de bois un premier bilan « mitigé » du dernier conseil stratégique des industries de santé (CSIS) entre l'État et l'industrie du médicament, en juillet.
Le Premier ministre y a pourtant annoncé des mesures fortes pour restaurer le dialogue avec le secteur. « Ce 8e conseil a fait avancer beaucoup de choses... mais dans d'autres domaines que l'accès au marché et les relations entre les industriels et l'État », recadre Noël Renaudin, qui avait été nommé coordinateur de ce CSIS.
Aujourd'hui, il se dit « inquiet » pour la traduction de plusieurs engagements majeurs pris par Édouard Philippe. Cela concerne la réduction des délais de mise sur le marché (AMM) pour respecter la limite fixée par l'Europe à 180 jours, mais aussi l'élargissement du dispositif des autorisations temporaires d'utilisation (ATU) aux extensions d'indications thérapeutiques pour accéder aux traitements les plus innovants (500 ATU délivrées en 2018). « Lorsqu'on lit la nouvelle lettre d'orientation du CEPS, il y a une volonté de réduire les délais à 180 jours mais sans aucun moyen en face. Nous sommes déçus car nous avons proposé des solutions techniques dont aucune n'a été adoptée », déclare, amer, l'ancien patron du CEPS.
Idem pour l'élargissement du dispositif des ATU, prévu par l'article 42 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2019 dont la rédaction est jugée beaucoup trop « complexe ». « Il ne se passera rien car on refuse d'affronter l'incompatibilité entre la ressource globale disponible et l'augmentation vertigineuse du prix de l'innovation, notamment dans le cancer », martèle-t-il.
Méfiance
L'ancien patron du CEPS déplore la méfiance persistante entre l'industrie pharmaceutique et l'administration mais aussi la difficulté de faire appliquer les décisions politiques. « Cela s'en ressent dans le budget de la Sécurité sociale. Aucune place n'est donnée aux accords conventionnels. Avant, les ministres étaient davantage obéis et les administrations plus loyales », dénonce-t-il. Noël Renaudin appelle à « un changement de culture forte de la part de l'administration ».
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