EN DESSOUS de 300 accouchements, on ferme les maternités ; en deçà de 2 000 séjours annuels, les services de chirurgie devront bientôt s’arrêter. La concentration de l’activité dans de grandes structures hospitalières est-elle gage de qualité des soins ? L’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) se penche sur cette question dans une récente enquête (1).
Retenant comme critères de « qualité » les probabilités de réadmission et de mortalité étudiées dans huit prises en charge hospitalières (AVC, appendicectomie, infarctus du myocarde, pontage aorto-coronarien, pose de stent, prothèse totale de hanche, résection de cancer du côlon et résection pancréatique), les chercheurs présentent des résultats probants pour six d’entre elles – ils ne trouvent en revanche aucun lien de cause à effet entre nombre d’actes et taux de mortalité et de réadmission pour la pose de stents et l’appendicectomie. Quand l’impact du volume d’actes sur le résultat est avéré, sa force varie avec la technicité des soins (plus l’intervention est lourde, plus le lien est patent) et s’atténue au fur et à mesure que l’activité augmente. Ce qui fait dire aux auteurs de l’enquête, avec beaucoup de précautions, que si le volume d’activité peut constituer « un levier d’action pour améliorer la qualité des soins dans certains domaines », il y a « peu de bénéfices à concentrer l’activité au-delà d’un certain point ».
La spécialisation des établissements semble également entrer en jeu quand il s’agit de mesurer les effets du volume d’activité : un hôpital peut réaliser un nombre de procédures inférieur à un autre mais enregistrer tout de même de bons résultats si ladite procédure « constitue une part importante de (son) activité », constate l’IRDES – et plus largement, le poids de la chirurgie dans l’activité totale de l’établissement en court séjour est également déterminant. Prudents, les auteurs de l’enquête plaident pour un « enrichissement des connaissances » : « Pour certaines procédures et interventions, il existe un lien significatif entre le volume d’activité et les résultats des soins, écrivent-ils. La traduction de ces résultats en recommandations pour les politiques de planification s’avère toutefois délicate. »
(1) Zeynep Or, Thomas Renaud, « Quel lien entre volume d’activité des hôpitaux et qualité des soins en France ? », IRDES, « Questions d’économie de la santé » n°149; décembre 2009.
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