CHU d’Amiens : une femme prend place dans un fauteuil. À ses côtés, une assistante tient une caméra orientée sur son bras. À Paris, un médecin regarde la scène derrière un écran. Sur un deuxième, il voit la plaie grandeur nature. Sur un troisième, le praticien a accès au dossier médical de sa patiente.
Depuis un peu plus d’un an, la Picardie a instauré une téléconsultation entre plusieurs établissements de la région et le CHU d’Amiens. Un hôpital et une clinique d’Abbeville, les hôpitaux de Montreuil-sur-Mer, de Doullens ou de Corbie, d’Albert ou de Saint-Quentin, ou encore de Chaumont-en-Vexin et de Beauvais bénéficient de cette technologie développée par Polycom.
Feu vert de la CNIL, 1 000 patients par mois.
La télémédecine figure parmi les douze mesures du plan de lutte de Marisol Touraine contre les déserts médicaux ; elle est déjà une réalité en Picardie, région où la densité médicale est la plus faible de France (237 médecins pour 100 000 habitants pour une moyenne nationale de 306).
« Confrontée à l’insuffisante attractivité de la région, l’ARS a eu la conviction qu’il fallait trouver une alternative, explique Christian Huart, directeur du groupement de coopération sanitaire (GCS) e-santé de Picardie, porteur du projet. La télémédecine est un complément à la médecine de proximité. »
La première téléconsultation spécialisée a été réalisée en décembre 2011. Ce dispositif est désormais monnaie courante. Il a reçu le feu vert de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Environ 1 000 patients sont pris en charge tous les mois par une centaine de professionnels de santé grâce à la plateforme spécifique dont les établissements se sont dotés. Ces consultations à distance portent pour l’heure sur la dermatologie programmée, la diabétologie (suivi du pied diabétique) et le dépistage de la rétinopathie. La télémédecine ne concerne en revanche pas la gynécologie, la gastro-entérologie ou la proctologie qui nécessitent davantage d’intimité.
Pour réaliser une téléconsultation, le praticien doit avoir le consentement du patient. La consultation du patient présente plusieurs avantages. Elle peut être archivée et intégrée au dossier conservé dans l’établissement ou dans le DMP. « La télémédecine, ce n’est pas irréaliste. On oublie la télé et la consultation devient une consultation comme une autre », affirme le Dr Christine Boutet-Rixe, directrice médicale du GCS e-santé de Picardie.
Gains de temps.
Un exemple d’interaction immédiate : lors de la prise en charge d’un AVC, les patients d’Abbeville étaient auparavant systématiquement transportés à Amiens. Dorénavant, ils sont pris en charge instantanément à Abbeville où a été installé un chariot mobile avec deux écrans dans le box. « Le patient reste aux urgences à Abbeville et la télémédecine vient à lui », explique Christine Boutet-Rixe. Gain de temps : une heure de transport.
De même, de nombreuses réunions de concertations pluridisciplinaires sont organisées à distance permettant aux équipes de différents établissements de rester sur leur site. Une nouvelle fois, le gain de temps est salué.
Le GCS e-santé a pour projet de développer la téléconsultation dans les prisons de Picardie mais aussi dans des maisons et pôles de santé, des cliniques et des EHPAD.
Une station de visioconférence comme celle dont dispose l’établissement effecteur coûte 30 000 euros à quoi il faut ajouter 5 000 à 10 000 euros pour les outils biomédicaux. La Picardie a investi entre 300 000 et 400 000 euros pour équiper l’ensemble des établissements concernés par la téléconsultation.
Un frein au déploiement du dispositif a toutefois été identifié : les modes de rémunération des professionnels libéraux qui restent compliqués (entre chaque établissement, celui qui réalise l’acte à distance et celui qui le sollicite) et nécessitent un éclaircissement juridique. « C’est un des chantiers prioritaires qu’il faudra régler pour éviter tout blocage », conclut le Dr Boutet-Rixe.
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