Montereau-Fault-Yonne, Saint-Augustin-sur-mer, Issoudun, Pierrefitte-Nestalas… Face à la désertification médicale, de plus en plus de mairies rurales investissent dans des bornes ou des cabines de téléconsultation. Un soulagement pour leurs administrés, souvent éloignés des soins.
Avec ses 1 300 habitants, Saint-Augustin-sur-mer (Charente-Maritime) subit un « manque cruel de médecins sur le territoire », confie la maire du village, Gwennaëlle Dohin-Prost. Avec son conseil municipal – et après avoir rencontré une poignée de prestataires de télémédecine – elle a sauté le pas en juillet en installant une borne de téléconsultation dans sa commune. « Nous avons décidé de tenter l’expérience, en attendant, en palliatif… », raconte-t-elle. La municipalité a installé une borne Medadom dans un local vide, situé dans le cabinet infirmier de la ville.
Écran, imprimante pour les ordonnances, lecteur de carte de Vitale, tensiomètre… « Le patient peut venir sans rendez-vous et être assisté par les infirmières », précise la maire de Saint-Augustin. Le premier mois de mise en place, une dizaine de consultations ont eu lieu chaque semaine. De la « bobologie » principalement ou des renouvellements d’ordonnance. Le coût est limité pour la mairie : autour de 215 euros par mois.
Départ du dernier médecin
Plus au sud, à Pierrefitte-Nestalas, la commune a cette fois-ci implanté sa borne de téléconsultation dans l’officine locale. Dans cette commune des Hautes-Pyrénées, l’installation de la borne coïncide avec le départ du dernier médecin de la ville ! Un électrochoc. « Il ne voulait plus exercer seul et est parti s’installer à 6 km. Nous nous sommes retrouvés sans médecin, sans prescripteur et sans réussir à trouver un remplaçant », se souvient Noël Pereira da Cunha, maire de Pierrefitte-Nestalas.
La borne Tessan, installée depuis un an et demi dans le local adjacent à la pharmacie, propose un rendez-vous visio avec un médecin en moins de 15 minutes. Les premiers temps, la prise en main était plus compliquée pour les personnes âgées, « notamment car il fallait une adresse mail pour s’identifier sur la borne. Finalement la pharmacienne a prévu d’y intégrer son adresse mail », poursuit Noël Pereira da Cunha. « J’encourage mes collègues à prendre le chemin de la téléconsultation, surtout dans des territoires ruraux et montagneux comme les nôtres, ajoute-t-il. Elle apporte une première réponse rapide de santé, mais ne remplace pas la mission du médecin ».
10 consultations par jour
Locaux dédiés, pharmacies ou cabinets paramédicaux sont les solutions privilégiées. Mais certaines communes prennent le parti d’installer les solutions numériques directement dans le hall de la mairie, disponibles aux horaires d’ouverture. « Dans ce cas nous formons un référent au sein de la mairie, notamment pour aider les plus âgés », précise Nathaniel Bern, cofondateur de Medadom. La société a installé une quinzaine de bornes et cabines dans les mairies et collectivités territoriales de France. Et certaines affichent un taux de consultation surprenant. « À Montereau-Fault-Yonne en Seine-et-Marne, la borne reçoit en moyenne 10 à 15 consultations par jour », souligne Nathaniel Bern. La société vient d'ancrer sa première borne en Martinique.
Selon le cofondateur de la start-up, la solution plaît aux généralistes derrière l’écran. « Ça leur permet d’avoir un mode d’activité hybride. Une sorte de télétravail médical, agréable et appréciable », avance-t-il. Les médecins définissent – en amont – des horaires de permanence numérique et accèdent à la file d’attente des patients connectés sur l’interface.
Si les maires sont plutôt satisfaits de l’installation de ces bornes, ils s’accordent sur le fait qu’il ne s’agit que d’une solution de dernier recours. « Nous continuons malgré tout à chercher un médecin. Et nous sommes en partenariat avec une commune voisine pour ouvrir une maison médicale », explique Noël Pereira da Cunha. Même espoir du côté de Saint-Augustin dont la maire cherche toujours la perle rare. Un local a été mis à disposition dans la commune, mais pour l’instant aucun médecin n’a candidaté.
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