Dans un contexte où le taux global national de chirurgie ambulatoire ne cesse de s'accroître, passant de 36,2 % en 2009 à 54 % en 2016, les centres ambulatoires et unités de chirurgie ambulatoire (UCA) sont en quête d'optimisation de leur temps et du parcours patient.
C'est là que l'intelligence artificielle peut entrer en jeu. Calmedica est un « robot conversationnel capable de comprendre le langage naturel et de converser par SMS avec un patient », explique Alexis Hernot, ingénieur et cofondateur de la start-up. L'outil assure la préparation préopératoire et le suivi postopératoire des patients dans le cas d'une chirurgie ambulatoire, une activité jusque-là téléphonique, dédiée aux infirmiers et à l'équipe chirurgicale.
Pour décharger le personnel médical et améliorer ce suivi, l'équipe de Calmedica a imaginé un algorithme construit sur mesure avec les équipes médicales, qui prend en compte le type de chirurgie et les spécificités de l'établissement.
Un taux de réponse par SMS de 95 %
Concrètement, le patient reçoit des questions par SMS aux dates et heures convenues en amont. Par exemple, la veille de la chirurgie, le robot valide que le patient est bien apte à être opéré. Le jour J, il vérifie avec lui le bon respect du protocole (être à jeun, etc.). En postopératoire, il prend des nouvelles du patient, le questionne sur d'éventuelles douleurs ou complications. Le patient répond par SMS, l'intelligence artificielle analyse ses réponses et déclenche en fonction différentes actions. « Nous enseignons au robot comment il doit se comporter avec le patient », poursuit Alexis Hernot. Si le robot n'obtient pas de réponses ou s'il ne les comprend pas, les équipes médicales sont prévenues.
« Un tableau de bord est installé dans les structures de soins. L'intelligence artificielle alerte les professionnels de santé dans le cas où un patient rencontre des difficultés qu'il a fait remonter via le robot, souligne le Dr Corinne Segalen, cofondatrice de la start-up et ancienne allergologue. Dans ce cas, l'infirmière appelle le patient et peut le notifier sur le tableau de bord ».
Ce système de questions engendre un « taux de réponse de 95 % des patients, bien supérieur au taux de 60 % par téléphone », dévoile Alexis Hernot. 100 000 patients l'ont déjà testé. Calmedica a déjà signé avec une cinquantaine d'établissements publics ou privés. La start-up vient également de remporter un appel d’offres pour équiper les 23 unités de chirurgie ambulatoire (avec leur accord) des 39 établissements de l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) d'ici à 2019.
Fluidification du parcours ambulatoire
Pour le Pr Pierre Coriat, anesthésiste-réanimateur à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), il n'y a aucun doute à avoir sur l'efficience de cette technologie et son bénéfice pour les équipes médicales. « Elle réalise une boucle de qualité. Les infirmières n'appellent plus 60 patients par jour. C'est stimulant pour les équipes », souligne-t-il.
Selon les fondateurs, le premier bilan réalisé est positif. Le respect des consignes préopératoires a bondi de 30 %. Les patients sont plus ponctuels le jour de l'opération. Selon les fondateurs, l'utilisation de ce système divise par 10 les retards supérieurs à 30 minutes, qui sont sources de désorganisation au bloc opératoire et de perte financière. « Lorsqu'une opération de la cataracte est déprogrammée, cela équivaut à 1 200 euros de revenus perdus », cite à titre d'exemple Alexis Hernot.
Calmédica est disponible sur abonnement. Son coût dépend du nombre estimé de patients en ambulatoire. Pour le Dr Segalen, il faut compter « entre deux et trois euros par opération et patient ».
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