DEUX MÉDECINS GÉNÉRALISTES qui dévissent leur plaque. Deux de plus, direz-vous. Mais celles-là n’ont pas atteint l’âge de la retraite comme la majorité de leurs confrères touchés par le burn-out. Ces médecins sont des femmes. Elles ont...31 et 35 ans. Le 30 juin prochain, Mathilde Garreau ne sera plus médecin généraliste. Quatre ans après sa première installation, le praticien de Commequiers va ranger son stéthoscope, résilier son bail, clôturer ses contrats informatiques et licencier une secrétaire. « Le système de santé est patriarcal, archaïque, dit-elle. Il y a 40 ans, il était organisé pour des hommes qui avaient des femmes à la maison et n’avaient pas à s’occuper de leurs enfants. Aujourd’hui, les jeunes médecins, hommes comme femmes, veulent une meilleure qualité de vie ».
Alors que beaucoup de médecins se terrent dans le silence et la dépression quand ils sont confrontés à un trop plein d’activité, Mathilde Garreau exprime publiquement son ras-le-bol et brise un tabou. Sa vie ne se résume pas aux journées de consultation. « Je fais 55 heures de travail hebdomadaires alors que je suis à temps partiel, ironise-t-elle. Je ne travaille pas les mercredis et le vendredi après-midi ni un samedi sur deux ». Mais le quotidien, c’est aussi « faire les courses, préparer les repas, coucher les deux petits », Marion 6 ans et demi et Antoine 5 ans. Et aussi les gardes de nuit « qui reviennent tous les quinze jours » et quelques week-ends par an. « Je suis fatiguée et je ne veux pas faire prendre de risques à mes patients en les soignant les lendemains de garde ». Mathilde Garreau a récemment refusé une réquisition pour pouvoir partir en vacances. Elle risque une amende de 3 750 euros.
Situation invivable.
Sa consœur Élise Wilthien, 31 ans, est installée à 6 kilomètres de là, à Couëx. Maman d’un deuxième bébé, elle cessera son activité le 18 juillet. « La seule et unique raison de cet arrêt, ce sont les réquisitions, explique-t-elle. Avec les journées de travail, plus la nuit, plus le week-end, ce n’est plus vivable, c’est de l’esclavage ! Comme mon mari est aussi médecin, nous sommes deux fois plus touchés ». Les deux femmes ont essayé de se soustraire du tour de garde en ne se portant pas volontaires. Réquisitionnées, elles ont reçu à plusieurs reprises la visite des gendarmes. « On se bat depuis six mois pour dire que c’est trop, d’autant qu’avec les départs à la retraite programmés, les gardes seront encore plus nombreuses. On a contacté l’Ordre, la préfecture, l’agence régionale de santé mais rien n’a bougé », indique Élise Wilthien. Les deux jeunes femmes assurent que leur démarche est personnelle et dénuée d’un quelconque intérêt syndical. « Ce sujet est un enjeu de santé publique, il faut que cela bouge avant que l’on soit dans le mur », indique le Dr Wilthien. Les deux femmes n’entendent pas arrêter définitivement la médecine. Mathilde Garreau cherche un poste de médecin salarié. Élise Wilthien va elle prendre un peu de temps. « J’espère que cet arrêt sera transitoire », conclut-elle.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation