En 2019, nos agences sanitaires sont toutes focalisées sur le virus HPV. Après la mise en place du dépistage organisé du cancer du col utérin, puis en juillet les nouvelles recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) préconisant d’abord une recherche du HPV (à la place de l’analyse cytologique) pour ce dépistage dès 30 ans, on attend d’ici quelques semaines l’avis de la HAS sur la vaccination des jeunes garçons. Cette semaine, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) consacre un numéro entier sur la prévention du cancer du col de l’utérus et son optimisation, partant du constat que l’on peut faire mieux en matière de dépistage (58,7 % de taux de couverture national sur 2015-2017) et de vaccination (23,7 % avec un schéma complet à 16 ans, en 2018).
Des arguments forts en cabinet
Concernant la couverture vaccinale, le BEH pointe les déterminants socio-économiques. Elle est en effet moindre dans les milieux défavorisés (Gardasil® 9 coûte 135,68 euros et est remboursé à 65 %). Par ailleurs, un travail de modélisation de l’Institut national du cancer (INCa) s’est intéressé aux bénéfices de santé additionnels apportés par le vaccin nonavalent. « Notre étude a porté sur une cohorte de 389 003 jeunes filles de 14 ans, explique le Dr Jean-Baptiste Méric, directeur du pôle Santé publique et soins de l’INCa. En comparaison avec la situation actuelle, un taux de couverture vaccinal atteignant 85 % permettrait d’éviter a minima 2 456 conisations, 2 347 lésions précancéreuses CIN2/3, 377 cancers du col et 139 décès. » Autrement dit, ce travail montre qu’un taux de vaccination presque optimal sur cette cohorte permet de réduire le risque de mortalité de près de 40 %, le risque de lésions précancéreuses de 31 % et le risque de conisations de 26 %.
Cette étude permet d’objectiver les pertes de chance liées au faible niveau de couverture vaccinale actuelle. « Un des objectifs de notre travail est de donner au médecin prescripteur du vaccin des arguments forts pour proposer une vaccination anti-HPV à chaque fois qu’il a dans son cabinet un parent ou une jeune fille de 11 ans », conclut le Dr Méric.
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