Il y a quelques années, le Dr C. a sombré dans la dépendance à l’alcool.
« Ce ne fut pas lié à un problème professionnel, mais plutôt au poids du quotidien », nous explique-t-elle. Sur un plan personnel, il lui a en effet fallu gérer des responsabilités devenues trop lourdes : un mari sans emploi qui reprenait des études, quatre enfants entrant en préadolescence, le cabinet médical, la maison, les charges financières à assumer seule… « On se met à boire et, en quelques années, on devient totalement dépendant. Je buvais du matin au soir, sans être saoule car j’avalais de petites doses toute la journée », se souvient-elle.
La sonnette d’alarme n’a pas été tirée par ses patients. « Certains se sont peut-être rendu compte, mais j’ai gardé toutes mes facultés médicales et je n’ai jamais fait d’erreur. C’est ma famille qui s’en est aperçue. On devient agressif et je ne gérais plus la maison comme il fallait ».
Devant la dégradation de la situation, le mari du Dr C. fait appel à un confrère dont le père était psychiatre. « J’ai été hospitalisée plusieurs fois avec de nombreuses rechutes. Sortir de la dépendance à l’alcool est un parcours très long », constate cette généraliste qui, il y a quatre ans, a arrêté de boire du jour au lendemain.
« J’ai arrêté seule en deux jours. Je savais que j’allais être très malade, mais je m’en suis sortie sans prendre de médicaments. Le sevrage physique a été rapide, mais il restait la partie psychologique. Comme toutes les personnes victimes de l’alcool, il m’a été indispensable d’être accompagnée par des professionnels compétents pendant et après ma démarche. Et je me suis inscrite à des groupes de parole toutes les semaines avec des personnes qui vivent la même situation. Je continue d’y aller de temps en temps et je n’ai plus jamais touché une goutte d’alcool depuis. ».
Une vie privée gâchée
Aujourd’hui cette généraliste confie que la dépendance a eu des conséquences importantes sur sa vie privée. « J’y ai laissé des plumes au niveau personnel », un divorce par exemple et la garde de ses enfants dans un premier temps. Aujourd’hui elle est parvenue à reconstruire les liens avec ses enfants.
Heureusement, l’addiction à l’alcool n’a, en revanche, pas eu trop de conséquences d’un point de vue professionnel. « J’exerce à Paris, il y a un certain anonymat et un turnover important au niveau des patients. Certains d’entre eux s’en sont rendu compte mais ont continué à me faire confiance et à venir à mon cabinet ».
Si elle devait donner un conseil, le Dr C. insisterait sur la nécessité de résoudre les problèmes qui ont poussé à la dépendance comme une anxiété ou une dépression. « On devient dépendant sans s’en rendre compte. Ensuite on n’arrive plus à s’en sortir. Et la culpabilité est immense. Le médecin doit être sain, c’est un personnage important dans la vie de ses patients. Et une femme alcoolique, c’est encore pire qu’un homme alcoolique… »
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