Alors qu’en France, on manquait de données sur la prévalence de la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD, Non Alcoholic Fatty Liver Disease), on sait depuis la présentation des conclusions de l’étude Constances que 16,7 % de la population française est concernée. Dévoilés lors de la 12e “Paris Hepatology Conference” (Paris, 14-15 janvier), ces résultats ont été obtenus depuis un échantillon représentatif de 102 300 personnes testées par des moyens non invasifs : Fatty Liver Index comprenant l’IMC, le tour de taille, le taux de γ-GT et de triglycérides ainsi que l’indice Forns (plaquettes, γ-GT, âge et cholestérol total).
En détail, 24,6 % des hommes et 10,1 % des femmes sont concernés. Cette proportion augmente avec le poids (79,7 % des patients obèses atteints) et l’âge pour atteindre 36,2 % chez les hommes de 68 à 78 ans. Les auteurs signalent un gradient Nord-Sud similaire à celui de l’obésité (21,2 % dans le département du Nord et 16,6 % dans les Bouches-du-Rhône). Seuls 2,6 % des Français étaient atteints de fibrose sévère (stade F3 et cirrhose), ce chiffre atteignant 5,9 % des diabétiques.
Diabète et NALFD, l’œuf ou la poule ?
Autre enseignement de ce travail, « 63% des diabétiques de type 2 en France présentent concomitamment une stéatopathie métabolique (NAFLD) », souligne le Pr Lawrence Serfaty (Strasbourg).
Les stéatopathies métaboliques associées ou non à des signes inflammatoires partagent avec le diabète de type 2 leur survenue sur un même terrain (obésité, insulino-résistance). Il est souvent bien difficile de préciser la chronologie des atteintes : la NAFLD induit une résistance à l’insuline d’origine hépatique et le diabète de type 2 accélère le passage du stade NAFLD au stade NASH (stéatohépatite avec présence de signes inflammatoires).
Pour le Pr Bernard Cariou (Nantes), « le dépistage des NAFLD chez les populations à risque et notamment chez les diabétiques de type 2 est donc nécessaire pour tenter d’éviter l’évolution vers une NASH. L’un des moyens non invasifs est d’utiliser le score FIB-4 qui prend en compte l’âge, les ASAT, les ALAT et les plaquettes. Ce test est doté d’une valeur prédictive négative de 90 % et permet de diagnostiquer la plupart des fibroses avancées ainsi que 60 % des fibroses moins avancées. Lorsque des signes d’inflammation sont présents, des tests plus invasifs tels que le Fibroscan permettent d’estimer le stade de fibrose ».
Pour les patients cumulant NALFD et DT2, « les agonistes du GLP-1 ou les inhibiteurs de DPP-4 sont les traitements médicamenteux de premier choix, après bien sûr la perte de poids, la modification du régime alimentaire et des changements de style de vie comme l’augmentation de l’exercice physique. »
Plusieurs antidiabétiques à l’essai dans la NASH
Même au stade de NASH, les mesures hygiéno-diététiques ont toute leur place : en effet, une perte de poids de 5 % à un an (ce qui est possible chez 70 % des patients) permet de faire régresser la fibrose chez la moitié des patients environ et même d’éliminer tout signe de NASH chez 10 % d’entre eux. Plus la perte de poids est importante, plus la fonction hépatique est améliorée : ainsi, avec une réduction de 10 % du poids, 90 % des patients ne présentent plus de signe de NASH. Mais seul un malade sur 10 parvient à atteindre cet objectif. Pour les autres, il est possible de proposer une chirurgie bariatrique en cas d’obésité.
« À ce jour, aucun médicament spécifiquement développé dans cette indication de NASH n’a fait la preuve de son efficacité, bien que différentes pistes thérapeutiques soient envisagées. Seules les glitazones (pioglitazone et rosiglitazone) ont prouvé leur efficacité chez des patients atteints conjointement de diabète de type 2 et de NASH, mais du fait de leurs effets secondaires hépatiques, elles ne sont plus prescrites en France. Le liraglutide (agoniste GLP-1) et la sitagliptine (inhibiteur DPP-4) seraient dotés d’effets similaires selon les résultats d’études de phase 3. Mais ils n’ont pas encore d’indication dans la prise en charge de la NASH. Tout au plus pourraient-ils être considérés comme des traitements de choix pour les patients diabétiques de type 2 et NASH », conclut le Pr Serfaty.
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