En France, la sénologie ne figure pas parmi les 13 spécialités chirurgicales reconnues. Une situation à laquelle l’Académie nationale de chirurgie (ANC) veut remédier en plaidant pour une formation spécifique aux pratiques opératoires. Aujourd’hui, tout chirurgien peut réaliser un acte de chirurgie mammaire sans avoir suivi de formation tant que l’opération intervient dans un établissement autorisé (pratiquant au moins 70 chirurgies carcinologiques mammaires par an).
« Le cancer du sein a changé au fur et à mesure des années », explique la Pr Carole Mathelin, cheffe du service de chirurgie de l’Institut de cancérologie de Strasbourg et présidente de l’ANC. Pour elle, il est « impératif que les chirurgiens acquièrent des compétences en chirurgie réparatrice », puisque l’Institut national du cancer (Inca) recommande la reconstruction immédiate quand c’est possible. « L’apparition des thérapies adjuvantes, néoadjuvantes et de la radiothérapie opératoire a modifié la place de la chirurgie et impose d’avoir des compétences en oncologie », ajoute-t-elle.
La qualité des soins va de pair avec le volume d’activité
En dehors de la reconnaissance de cette spécialité consacrée aux maladies du sein, une expertise en sénologie est particulièrement bénéfique aux patientes : plusieurs études ont démontré un lien direct entre formation, volume d’activité et mortalité. Une étude de 2019 de l’Assurance-maladie rapporte, sur une population de 43 000 femmes, une mortalité deux fois plus élevée dans les établissements prenant en charge moins de 30 cas par an par rapport à ceux qui en traitent plus de 100 par an.
Quant à la qualité des soins, les patientes opérées ont deux fois plus de chance de bénéficier d'une reconstruction mammaire immédiate ou d’une désescalade axillaire dans les établissements réalisant plus de 110 chirurgies du cancer du sein par an, d’après une étude de 2017 de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes).
Une formation intégrée au DES
L’ANC souhaite proposer au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche – dont dépend la décision finale – deux ans de formation spécialisée transversale (FST) en carcinologie plastique, intégrée à la durée du diplôme d’études spécialisées (DES), accessible à plusieurs spécialités, notamment chirurgie plastique, gynécologique, digestive et thoracique.
La formation contiendra des enseignements en imagerie mammaire, oncologie médicale, radiothérapie, chirurgie carcinologique mammaire et chirurgie réparatrice. Elle devra se faire dans des services autorisés pour le traitement du cancer. En parallèle, à l’échelle européenne, un débat a été lancé en octobre 2024 au Parlement dans le but d’harmoniser les normes de formation en sénologie dans tous les États membres.
Quel rôle de l’environnement sur le cancer du sein ?
Alors que la France a la plus grande incidence de cancer du sein au monde, avec 105 femmes touchées sur 100 000, les mécanismes environnementaux sous-jacents sont suspectés. En effet, hormonologie, génétique et autres facteurs n’expliquent qu’un quart des cancers du sein : 75 % des causes sont encore inconnues. En France, l’environnement semble jouer un rôle déterminant : « les femmes provenant de pays avec une faible incidence de cancer du sein atteignent notre niveau de risque après 15 à 20 ans de résidence sur le territoire », explique la Pr Carole Mathelin, présidente de l’ANC.
Les femmes sont particulièrement concernées par la toxicité des perturbateurs endocriniens pour différentes raisons : accumulation dans les masses grasses, élimination rénale lente, activité domestique majorée, usage de cosmétiques. L’Académie engage des travaux d’analyse biologique portant sur trois grandes familles de perturbateurs endocriniens : pesticides, PFAS et métaux lourds. Leur dosage dans les tumeurs permettra à terme d’élaborer des hypothèses plus précises.
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