Malgré la prise de conscience récente de l’ampleur des violences sexuelles, les agressions, et notamment celles subies pendant l’enfance et au sein de la famille, « restent difficiles à révéler », rapporte une enquête menée en 2021 et publiée dans « Population et Sociétés », la revue de l’Institut national d’études démographiques (Ined).
Les violences sexuelles durant l’enfance et l’adolescence sont toujours un « phénomène massif » en France qui touche tous les milieux sociaux : avant 18 ans, 13 % des femmes et 5,5 % des hommes sont concernés. Ces agressions ont souvent lieu dans le cadre familial : 35,7 % des femmes et 21,6 % des hommes indiquent que l'agresseur était un membre de leur famille*. Il s’agissait d’un homme pour 96,5 % des jeunes filles et pour 89,7 % des jeunes garçons.
Près de 40 % des violences sexuelles avant 18 ans ont lieu avant l’âge de 11 ans et ces violences sont plus souvent répétées sur plusieurs années quand il s’agit d’un membre de la famille.
Des jeunes générations plus enclines à la parole
Malgré la « reconnaissance publique de ce fait social » permise par les mouvements féministes, #metoo et la création en 2021 de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), la parole reste difficile. À peine plus de la moitié des femmes (51,4 %) et 39,0 % des hommes concernés déclarent en avoir déjà parlé. « Plus les violences sexuelles ont duré longtemps, plus les personnes rapportent en avoir parlé », est-il relevé.
Un phénomène générationnel est par ailleurs observé avec des jeunes générations plus enclines à la parole. Ainsi, 59,6 % des femmes et 52,2 % des hommes de 18-24 ans déclarent en avoir parlé, contre 42,4 % des femmes et 25,0 % des hommes de plus de 60 ans. Mais, cette « propension à déclarer plus de violences dans les jeunes générations n’est toutefois pas observée pour les violences perpétrées par un membre de la famille », lit-on.
Le plus souvent, les violences sont évoquées avec les proches : 21,1 % des femmes et 12,9 % des hommes en ont parlé à leurs parents, 17,5 % des femmes et 12,5 % des hommes à leur partenaire, et 17,2 % des femmes et 10,3 % des hommes à un ami. Seuls 13,8 % des femmes et 11,7 % des hommes abordent le sujet avec un professionnel de santé.
Si les femmes en parlent plus, la situation est différente quand il s’agit de représentants de la police ou de la justice. Les proportions sont alors les mêmes pour les femmes (7,9 %) et les hommes (7,4 %). « Cette absence de différence entre les sexes pourrait ici traduire une plus grande méfiance des femmes vis-à-vis d’institutions perçues comme n’étant pas à l’écoute de leurs paroles », est-il indiqué. Enfin, seuls 8,4 % des femmes et 8,3 % des hommes évoquent le sujet avec l’entourage familial mais aussi avec un professionnel de la santé, de la police ou de la justice, les victimes étant souvent découragées d’en parler en dehors du cercle familial.
* Pour les femmes, 32,7 % des violences sont commises par le père ou le beau-père, suivis par les oncles (17,9 %), les cousins (14,4 %) et les frères (14,1 %). Pour les hommes, les principaux agresseurs sont les frères (21,8 %), suivis du père ou du beau-père (20,7 %), des cousins (17,8 %) et des oncles (16,7 %).
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation