« Une dose unique de vaccin anti-HPV offre une protection solide contre le cancer du col de l’utérus ». Telle est la conclusion du Groupe consultatif stratégique d'experts sur la vaccination (SAGE) de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui s'est réuni du 4 au 7 avril autour de différentes problématiques vaccinales.
Alors que le déploiement de la vaccination HPV se heurte dans de nombreux pays à des difficultés d’approvisionnement, à des considérations économiques ou encore à des questions d’acceptabilité, le SAGE a passé en revue les données d’efficacité de la vaccination HPV selon le nombre de doses administrées. Cet examen suggère « qu'un vaccin à dose unique offre une protection contre le HPV (…) comparable aux schémas à 2 doses », résume l’OMS dans un communiqué publié le 11 avril.
Deux études vont notamment dans ce sens, rappelle le Pr Daniel Floret, vice-président de la commission technique des vaccinations (CTV) à la HAS. Publiée en 2015, la première a été menée au Costa Rica et montrait que le niveau de protection conféré contre l’infection par le HPV était équivalent que les jeunes filles aient été vaccinées avec une, deux ou trois doses. Un travail plus récent s’est penché sur des données en provenance d’Inde où le programme de vaccination a été interrompu brutalement, d’où une population importante de jeunes filles n’ayant reçu qu’une ou deux doses. Avec un recul de 9 ans, « cette étude montrait qu’il n’y avait pas de différence significative d’efficacité en termes de prévention des infections persistances par le HPV après vaccination avec une, deux ou trois doses, indique le Pr Floret, avec une efficacité de plus de 90 % dans les trois cas ».
Ainsi, « même si on n’est pas tout à fait sûr que l’efficacité d’une vaccination à une seule dose se maintienne à long terme, on a quand même des données qui laissent à penser qu’une dose doit suffire pour la prévention à moyen terme », poursuit le Pr Floret.
De plus, « l'option d'une dose unique de vaccin est moins coûteuse, nécessite moins de ressources et est plus facile à administrer, souligne l’OMS. Elle facilite la mise en œuvre de campagnes de rattrapage pour plusieurs tranches d'âge, réduit le challenge du traçing des jeunes filles pour leur deuxième dose et permet de rediriger les ressources financières et humaines vers d'autres priorités de santé ».
Révision des posologies
Dans ce contexte, le SAGE recommande de mettre à jour les schémas posologiques pour le vaccin anti-HPV comme suit :
- Une ou deux doses pour la cible principale des filles âgées de 9 à 14 ans et pour les jeunes femmes âgées de 15 à 20 ans.
- Deux doses à 6 mois d'intervalle pour les femmes de plus de 21 ans.
- Trois doses si possible et au moins deux doses pour les personnes immunodéprimées (y compris celles vivant avec le VIH ), les preuves concernant l'efficacité d'une dose unique dans cette population étant limitées.
Accroître l'accès à la vaccination
Ces nouvelles recommandations de l'OMS doivent permettre à un plus grand nombre de filles et de femmes d'être vaccinées, « tout en maintenant le niveau de protection nécessaire », souligne le Dr Alejandro Cravioto, président du SAGE.
À terme, elles devraient ainsi contribuer à atteindre « plus rapidement notre objectif de 90 % de couverture vaccinale parmi les jeunes filles avant l'âge de 15 ans », dans un but d’élimination du cancer du col, espère le Dr Princess Nothemba (Nono) Simelelale, sous-Directeur général de l'OMS.
Pour certains pays en voie de développement où la prévalence du cancer du col de l’utérus est particulièrement élevée, comme en Afrique subsaharienne ou en Asie, « cette recommandation de l’OMS est tout à fait compréhensible », estime le Pr Floret, d'autant que « les vaccins anti-HPV sont chers ».
Une pratique hors AMM
En France, « le problème est un peu plus compliqué dans la mesure où on évite généralement de faire des recommandations hors AMM », souligne le vice-président de la CTV. Or actuellement les vaccins anti-HPV n’ont pas d’autorisation pour un schéma à une dose. Un élément qui n’a pas empêché le Joint Committe on Vaccination and Immunisation (JCVI), équivalent de la CTV au Royaume-Uni, de se prononcer récemment pour le passage à un schéma à une dose pour la vaccination anti-HPV.
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