Des connaissances solides en Santé-Environnement, les étudiants en médecine en sont avides. Mais comment faire, alors qu’ils sont déjà débordés, entre cours et stages à l’hôpital ? Un Mooc (Massive Open Online Course), ce type d’enseignement en ligne qui permet de valider ses acquis avec des exercices, est ouvert ce 5 mai.
Début janvier, le Haut Conseil de la santé publique présentait le bilan de 15 années de politiques publiques en Santé-Environnement, pointant l’urgence de la formation des professionnels de santé. Alors qu’un enseignement de six heures sera obligatoire en France dès la deuxième année de premier cycle en médecine à partir de la rentrée prochaine, des enseignements complémentaires voient le jour.
Dans son service de chirurgie cancérologique gynécologique à l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), la Dr Meriem Koual reçoit des patientes qui l’interrogent souvent sur le lien possible entre leur pathologie et leur alimentation, leur mode de vie ou leur exposition professionnelle. « Dans ma pratique, je me suis aperçue que la formation des futurs médecins sur ces risques environnementaux était insuffisante et que les connaissances sur ces sujets étaient limitées », constate la chirurgienne gynécologue. Titulaire d'une thèse en toxicologie et enseignante à la faculté de médecine de l'Université Paris Cité (UPC), elle candidate au premier appel à projets « ULab », un programme de l’Institut des défis (IDD), en vue de bénéficier d’un accompagnement pour la mise en place d’un projet en santé environnementale. Lauréate, elle intègre l’équipe en avril 2021.
Co-fondé par l'UPC et le Learning Planet Institute, l’IDD a pour mission d'accompagner la transformation des universités en « prototypant » de nouveaux dispositifs de formation en lien avec les enjeux de la durabilité.
« Nous avons analysé le besoin des professionnels de santé et questionné les utilisateurs finaux, c’est-à-dire les étudiants en médecine. Selon nous, cette étape de co-construction est la base d’un projet réussi », explique Alexandra Laurent, ingénieure pédagogique.
Enquête auprès de 232 étudiants
À la faculté de médecine de l'UPC, l’association étudiante Solid’Up possède huit pôles, dont l’un est consacré à l’environnement. Déjà engagés dans des multiples actions de sensibilisation au développement durable, à la transition écologique ou au changement climatique, Anouk, Florence et Glenn, étudiants en 3e année, sont d’emblée enthousiastes à l’idée de cet enseignement. Avec leur enseignante, ils interrogent les étudiants en médecine de leur faculté pour évaluer leurs connaissances en santé environnementale et leur souhait de formation.
Parmi les 232 étudiants qui ont répondu à l'enquête, la plupart (62,7 %) n'avaient jamais eu ce type d’enseignement pendant leurs études de médecine. La majorité d'entre eux ont déclaré n'avoir aucune connaissance en matière de santé environnementale (63,6 %), et la plupart n'avaient jamais lu ou vu de contenu médiatique à ce sujet (59,2 %). Ceux qui avaient des connaissances avaient été informés par les médias sociaux. La plupart (87,3 %) étaient prêts à suivre un cours spécifique au cours de leur cursus afin de mieux informer leurs patients avec une médecine basée sur les preuves. Identifier les populations à risque et délivrer des messages de prévention étaient leurs principales motivations.
Moteur !
Un point de l’enquête a interpellé l’équipe. « Ceux qui avaient des connaissances sur la santé environnementale avaient été informés par les médias sociaux. Quelle est la fiabilité de ce contenu ? », questionne la Dr Koual, pointant la nécessité d’associer au projet des experts des quatre coins de la France.
« À l’issue de cette première phase de concertation, le choix du format s’est porté sur neuf vidéocapsules de 15 minutes, sous forme d’interviews d’experts, pour délivrer des messages clairs et pertinents sur le lien santé-environnement et aussi des messages de prévention », synthétise Alexandra Laurent. En avant pour les tournages avec l’équipe de la Mooc Factory.
Embarquée dans l’aventure, la Dr Louise Benoit, cheffe de clinique en chirurgie gynécologique à l’HEGP, actuellement en thèse au laboratoire Inserm UMR-S 1124 de l'UPC « Toxicologie, pharmacologie et signalisation cellulaire », est chargée de la capsule « Polluants organiques persistants (POPs) et perturbateurs endocriniens ». Pas facile d’expliquer en peu de temps avec des mots simples que le tissu adipeux péri-tumoral peut stocker des POPs et les libérer dans certaines conditions dans l’environnement des cancers mammaires, influençant leur nature métastatique. « J’ai vraiment apprécié l’accompagnement de l’équipe pour des textes plus courts, très informatifs qui rendent la vidéo plus accessible », se rappelle-t-elle.
Scénarisation, prises de vue en extérieur, effets spéciaux, l’équipe vidéo a œuvré pour faire passer les messages pertinents autour de neuf thèmes : grands principes de toxicologie, polluants organiques persistants et perturbateurs endocriniens, polluants et cancer du sein, obésité et diabète, maladies neuropsychologiques, hémopathies, pédiatrie, pathologies respiratoires, réduction des expositions au quotidien. Les étudiants sont invités à répondre à trois questionnaires avant et après. L’évaluation prend la forme d’une création de support de communication (flyer, poster, mini-vidéo présentant des messages de prévention à destination des patients).
Comment s'inscrire ?
• À partir du 5 mai 2023, inscription à la première session sur la plateforme France Université numérique Mooc (FUN Mooc ) pour suivre l’enseignement complet, jusqu’au 15 juillet 2023.
• À la rentrée universitaire 2023/2024 : seconde session sur FUN Mooc ; parcours accessible aux étudiants/aux enseignants ayant un compte Uness (Université numérique en santé et sport) ; vidéos disponibles en accès libre sur YouTube.
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