« Dans le contexte actuel de pandémie de Covid-19, les médecins doivent penser au diagnostic de syndrome inflammatoire multi-systémique pédiatrique (PIMS) notamment face à l’association d'une fièvre élevée, d'une altération marquée de l’état général et de signes digestifs ». Saisie par le ministère de la santé, la Haute autorité de santé (HAS) vient de publier plusieurs "réponses rapides" sur le repérage et la prise en charge de ce syndrome post-infectieux pédiatrique.
Même s’il s’agit d’une pathologie rare (520 cas recensés en France au 13 juin 2021), le texte plaide pour un repérage du PIMS large et précoce compte tenu de sa gravité potentielle et du risque de décompensation cardiaque à la phase aigüe. Or « ce syndrome est peu connu et les symptômes évocateurs sont peu spécifiques, ce qui peut conduire à un retard de diagnostic d’autant plus que l’infection à SARS-CoV-2 est souvent peu symptomatique, voire asymptomatique, chez l’enfant », souligne la HAS, qui entend sensibiliser les médecins de premier recours.
Un diagnostic à évoquer même en l’absence d’antécédents connus de Covid-19
Le diagnostic doit être évoqué devant la triade fièvre élevée, AEG importante et signes digestifs, quel que soit l’âge de l’enfant (bien que les 4-11 ans soient plus souvent concernés) et même en l’absence d’antécédents connus d’infection à SARS-CoV-2 car un PIMS peut survenir après une forme pauci ou asymptomatique de Covid-19.
L'association de ces trois signes cliniques est très fréquente. La fièvre est souvent supérieure à 39 °C ; l'altération de l’état général est marquée (apathie, asthénie extrême, perte d’appétit, frissons, pâleur, douleurs diffuses, marbrures) et les signes digestifs sont fréquents, à type de douleurs abdominales, diarrhée, nausées, vomissements, syndrome pseudo-appendiculaire (le plus souvent, l'abdomen est souple à la palpation) .
D'autres symptômes évocateurs peuvent être associés, notamment un état de choc ou des signes cutanéomuqueux (injection conjonctivale, éruption maculo-papuleuse, etc. ).
Toute suspicion implique une prise en charge hospitalière
En cas de tableau clinique évocateur ou même de simple doute, l’enfant doit être transféré rapidement en milieu hospitalier, sans attendre les résultats d’éventuels examens biologiques. Le cas échéant, des tests biologiques simples (NFS, CRP) révèlent un syndrome inflammatoire avec une élévation de la CRP souvent > 100 mg/L, associé à une lymphopénie et/ou une thrombopénie.
En présence de risques ou de signes de défaillance hémodynamique, le SAMU doit être contacté.
Les cas doivent être signalés à Santé Publique France.
Un suivi spécifique
Au décours de l’hospitalisation, « le PIMS étant encore une nouvelle entité, il est essentiel que tous les enfants l’ayant développé puissent bénéficier d’un suivi spécifique », précise la HAS.
Pour tous les patients, « ce suivi sera concerté entre le médecin traitant (pédiatre ou généraliste) et le milieu pédiatrique hospitalier ».
Une consultation précoce doit permettre de s’assurer de la normalisation de la situation mais aussi d’informer et de conseiller l’enfant et ses parents notamment vis-à-vis de la reprise de la scolarité, de l'activité sportive et de la vaccination contre le SARS CoV-2. À ce jour, celle-ci n'est pas recommandée chez l'enfant ayant présenté un PIMS.
Pour les patients ayant eu des atteintes spécifiques notamment cardiaques, « ce suivi sera plus rapproché, coordonné et multidisciplinaire ».
Par ailleurs, la Société Française de Pédiatrie et le comité de pilotage du groupe COPIL COVID inflammation pédiatrique ont mis en place un protocole de collecte de données cliniques et d’explorations complémentaires ainsi qu’une fiche d’évaluation à 6 mois disponibles sur le site de la Société Française de Pédiatrie.
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