En progrès mais peut mieux faire… Selon une étude publiée ce jeudi 10 février par l'Observatoire régional de santé (ORS) d'Île-de-France, l'amélioration de la qualité de l'air en région parisienne entre 2010 et 2019 a permis d'éviter des milliers de décès, avec une baisse de la mortalité attribuable à certains polluants pouvant atteindre 40 %. Mais en 2019, la pollution de l’air restait responsable de près d'1 décès sur 10 en Île-de-France, alors que 7 900 décès prématurés supplémentaires pourraient être prévenus chaque année si de nouvelles mesures étaient prises pour abaisser les niveaux actuels de pollution de l’air sous les valeurs recommandées par l’OMS.
Menée en collaboration avec Airparif, cette étude s’est focalisée sur l’impact sur la mortalité (décès et espérance de vie) de l’exposition chronique à trois polluants réglementés : les particules fines PM2,5, le dioxyde d'azote (NO2) et l'ozone (O3). Pour réaliser ces évaluations, l'ORS s'est basée sur un calcul du « risque attribuable », estimation statistique rapportant à l'ensemble des décès enregistrés ceux attribuables à la pollution atmosphérique.
Une baisse de 40 % des décès attribuables aux PM2,5 entre 2010 et 2019
Un premier volet s’est intéressé aux bénéfices liés à l'amélioration de la qualité de l'air observée en Île-de-France entre 2010 et 2019. Sur cette période, le nombre annuel de décès attribuables à l’exposition prolongée aux PM2,5, est passé de 10 350 à 6 220, et a donc baissé de 40 %. « Cela correspond à un gain d’espérance de vie de près de huit mois en moyenne par habitant en Île-de-France », soulignent les auteurs de l’étude. Par ailleurs, le nombre annuel de décès en lien avec l’exposition prolongée au NO2 est passé de 4 520 à 3 680, soit une baisse de près de 19 %, ce qui représente un gain brut moyen de deux mois d’espérance de vie. Tous les territoires ont bénéficié de cette amélioration, avec des bénéfices particulièrement marqués à Paris où le gain brut d’espérance de vie s’élève à près de dix mois.
Un gain supplémentaire possible en respectant les normes de l'OMS
Dans un second temps, cette étude a cherché à évaluer les bénéfices attendus si les niveaux de pollution ne dépassaient pas les valeurs annuelles recommandées par l’OMS (5 µg/m3 pour les PM2,5, 10 µg/m3 pour le NO2, et 60 µg/m3 pour l’O3).
Résultat : si ces normes étaient respectées, environ 6 220 décès en lien avec les PM2,5 et 2 350 décès en lien avec le NO2 pourraient être évités tous les ans. « Cela représenterait un gain respectif moyen de 7,7 mois et 2,7 mois d’espérance de vie à 30 ans », chiffrent les auteurs. Ces deux résultats ne peuvent pas être directement additionnés car une partie des décès liés à l’exposition aux PM2,5 et NO2 se recoupent. S’y ajoutent environ 1 700 décès en lien avec l’ozone qui pourraient également être évités. Au total, 7 900 décès prématurés pourraient être évités chaque année, estime l’ORS île de France.
L'exemple du Covid
Le troisième volet de l’étude conforte d’ailleurs l’impact positif d’une diminution des émissions de particules polluantes. Les auteurs ont quantifié par une évaluation théorique les bénéfices des réductions de l’exposition entraînées par les mesures de restriction mises en œuvre en 2020 pour faire face à l’épidémie de Covid-19.
Ces mesures d’ampleur inédite « ont conduit notamment à une diminution des concentrations de dioxyde d’azote sans précédent dans l’histoire de la surveillance de la qualité de l’air et dans une moindre mesure des niveaux de PM2,5 dans la zone dense », souligne la publication de l’ORS. Cela aurait permis d’éviter 310 décès pour le NO2 et 180 pour les PM2,5 ; la grande majorité de ces gains se situant à Paris et dans le reste de la métropole.
Ainsi, « l’amélioration continue de la qualité de l’air en Île-de-France a permis de sauver de nombreuses vies. Toutefois, l’impact observé encore aujourd’hui reste substantiel », résument les auteurs.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation