La variole du singe continue de se propager dans le monde, si bien qu’un troisième cas de Monkeypox a été confirmé en France en ce début de semaine. Dans ce contexte, la Haute Autorité de Santé propose, pour réduire la transmission interhumaine du virus, « une stratégie vaccinale réactive », dont elle dessine les contours dans un avis diffusé ce 24 mai.
Vacciner les contacts à risque dans les 14 jours suivant l'exposition
En fait, cette stratégie consiste en la vaccination des « adultes contacts à risque d’exposition au Monkeypox ». À savoir, selon la définition de cas de Santé publique France, des personnes ayant eu un contact physique non protégé avec la peau lésée ou les fluides biologiques d’un malade symptomatique, ou ayant utilisé des ustensiles de toilettes, des vêtements, du linge de bain ou de maison souillé, ou étant resté à moins de deux mètres d’un malade pendant 3 heures. Ce qui inclut les proches, les voisins de transport ou de bureau, etc. et évidemment, comme le souligne la HAS, « les professionnels de santé exposés sans mesure de protection individuelle » – port de gants étanches en latex, nitrile ou caoutchouc, d’un masque FFP2, etc.
En pratique, la HAS recommande de vacciner ces contacts « dans les 4 jours après le contact à risque et au maximum 14 jours au plus tard ». Et ce, selon un schéma à deux doses – « ou trois doses chez les immunodéprimés », précise l’autorité sanitaire – séparées par un intervalle de 28 jours. Le vaccin à utiliser n’est par ailleurs pas celui utilisé avant 1977 et l’éradication de la variole classique mais un produit « de troisième génération », Imvanex© (Bavarian Nordic) qui dispose d’une AMM européenne depuis juillet 2013.
Rapport bénéfice-risque favorable du vaccin
À l’origine de cette stratégie : la diffusion du virus mais aussi d’autres données épidémiologiques. Par exemple, « la HAS considère qu'une stratégie de vaccination réactive paraît pertinente au regard des délais d'incubation de la maladie souvent compris entre 6 et 16 jours ».
L’autorité sanitaire a également pris en compte des données rassurantes concernant le rapport bénéfice risque du vaccin de 3e génération. Ce vaccin vivant atténué non réplicatif présenterait en effet une efficacité de 85 % contre le Monkeypox. Et ce, pour une facilité d’utilisation et un profil de sécurité bien supérieurs à ceux des vaccins de premières générations – nécessitant une injection par aiguille bifurquée, présentant des effets indésirables nombreux et graves : encéphalite, encéphalopathie, atteintes cardiaques, etc.
Mais la HAS s’est aussi basée sur les stratégies de prise en charge des cas contact prises à l’étranger et sur les recommandations des autorités internationales en la matière. Comme le rapporte l’instance, aux États-Unis, les Centers for Disease Control (CDC) « (prévoient) la vaccination des personnes exposées dans les 14 jours qui suivent le contact à risque ». Dans le même esprit, le Centre européen pour le contrôle des maladies (ECDC) préconise également la vaccination des contacts à haut risque.
Se préparer à une réémergence des orthopoxvirus
Quoi qu'il en soit, « la HAS indique également que la stratégie vaccinale proposée s'inscrit dans une stratégie de prise en charge plus globale incluant notamment la mise à disposition de traitements antiviraux non évalués par la HAS mais disposant d'une AMM dans l'indication du Monkeypox, en particulier pour les enfants éligibles, pour lesquels le vaccin de 3e génération ne bénéficie pas d'AMM aujourd'hui ». Comme le souligne l'OMS, « un antiviral appelé tecovirimat qui a été développé pour la variole classique (smallpox) a été autorisé par l'Agence européenne des médicaments (EMA) contre le monkeypox en 2022 ». Selon l'organisation, il ne serait cependant pas largement accessible à l'heure actuelle.
Plus généralement encore, la HAS travaillerait en fait à une « révision de la doctrine de lutte contre une possible réémergence des virus orthopoxvirus », envisagée depuis quelques années notamment face à une diminution de l'immunité collective dirigée contre cette famille de virus.
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