La formule des vaccins anti-Covid-19 doit-elle à nouveau être revue pour suivre l’évolution génétique du SARS-CoV-2 ? C’est ce qu’estime l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 18 mai dans une Déclaration sur la composition antigénique des vaccins anti-Covid-19.
Pour rappel, à la fin de l’été dernier, face à la diffusion de divers variants du SARS-CoV-2 tels qu’Omicron BA.1, BA.4 et BA.5, la composition des vaccins anti-Covid-19 avait été revue une première fois. Avec le développement de vaccins bivalents ciblant d’une part la souche originale du SARS-CoV-2 et d’autre part certains sous-variants d’Omicron (BA.1, BA.4 ou BA.5). En France, les autorités sanitaires avaient ainsi préconisé d’utiliser « de préférence » ces vaccins actualisés lors de la campagne de rappel lancée à l’automne dernier.
Et pour l’OMS, les vaccins anti-Covid-19 déjà autorisés – même les précédents, basés uniquement sur le virus index – « continuent de procurer une protection substantielle contre (les formes sévères et mortelles de Covid-19), ce qui est l’objectif primaire de la vaccination anti-Covid-19 ». Ainsi, l’instance souligne que ces vaccins peuvent encore être utilisés.
Toutefois, l’instance estime que de « nouvelles formules de vaccins Covid-19 sont nécessaires ». Et ce, afin d’améliorer la protection contre les formes symptomatiques de Covid-19, qui, elle, diminue et se révèle de moins en moins durable – notamment du fait de l’évolution génétique du SARS-CoV-2. « La mise à jour de la composition antigénique des vaccins pourrait améliorer la réponse immunitaire induite par la vaccination face aux variants circulants du SARS-CoV-2 », estime l’OMS, de même que l’été dernier.
Cibler la lignée XBB.1.6 ou XBB.1.16
Et cette fois, l’instance préconise de cibler la lignée XBB.1. Et pour cause : « au mois de mai 2023, les descendants de la lignée XBB.1 du SARS-CoV-2 prédominent à l’échelle mondiale », remarque l’OMS. D’ailleurs, la France ne fait pas exception : selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France, le recombinant XBB.1.5 reste majoritaire (avec 44 % des séquences identifiées lors de la dernière enquête Flash), suivi du clone XBB.1.9, « en augmentation » (36 % des séquences).
En outre, les représentants de cette lignée détiennent des capacités singulières d’échappement au système immunitaire. « Les lignées descendantes XBB, y compris XBB.1.5 et XBB.1.16, sont hautement évasives du système immunitaire, XBB.1.5 restant l'un des variants du SARS-CoV-2 avec la plus grande ampleur d'évasion immunitaire des anticorps neutralisants identifiée à ce jour », détaille l’OMS.
Et des données préliminaires confirmeraient l’intérêt de formulations ciblant ce lignage. « Des données précliniques partagées de manière confidentielle avec (l’OMS) par les fabricants de vaccins montrent que la vaccination avec des candidats vaccins contenant la lignée descendante XBB.1 (…) suscite des réponses d'anticorps neutralisants plus élevées aux variants du SARS-CoV-2 actuellement en circulation, par rapport aux réponses provoquées par les vaccins actuellement approuvés », avance l’OMS.
Et l’organisation précise les cibles vaccinales les plus prometteuses. « Une (première) approche (…) est l’utilisation comme antigène vaccinal d'une lignée descendante monovalente XBB.1, telle que XBB.1.5 », estime l’instance, qui propose une alternative : le variant XBB.1.16. « Les (protéines) Spike de ces deux lignages sont (…) très proches, avec seulement deux acides aminés différents », plaide l’OMS.
Quatre raisons d’abandonner le virus original dans les nouvelles formules
Quant à la question de la nécessité de cibler la souche originale du SARS-CoV-2, l’OMS tranche négativement. En effet, l’instance, « préconise de s’éloigner de l’inclusion du virus index dans les futures formules de vaccins anti-Covid-19 ». Autrement dit, exit les vaccins bivalents original/nouveau variant. Car, « le virus index et les variants antigéniquement étroitement apparentés ne circulent plus chez l'Homme, l'antigène du virus index provoque des niveaux indétectables ou très faibles d'anticorps neutralisants contre les variants du SARS-CoV-2 actuellement en circulation (…), l'inclusion du virus index dans les vaccins bi- ou multivalents réduit la concentration du ou des nouveaux antigènes cibles par rapport aux vaccins monovalents (ce qui peut diminuer l'ampleur de la réponse immunitaire), et l'empreinte immunitaire due à une exposition répétée au virus index peut réduire les réponses immunitaires aux nouveaux antigènes cibles », énumère l’OMS.
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